Xin chào
Après une nuit ferroviaire très agitée, nous pourrions même dire, très secouée, nous arrivons à Hanoï, à 4h30 du matin. Arrêt au stand, à l'hôtel pour refaire les sacs et prendre le petit déjeuner. Et nous repartons.
Dans la rue, à cette heure matinale et dans la pénombre, nous admirons la virtuosité des femmes qui s’installent pour vendre des fruits, des légumes, des fleurs et des poissons vivants.
Certaines, arrangent sur leurs paniers plats et ronds, leur étal sur leur vélo, qu’elles déplacent en fonction des clients, et devienne de véritable magasin itinérant dans toute la ville. D’autres, ploient sous la charge de leurs palanques, où de grandes feuilles vertes mettent en valeur leurs produits. Les légumes sont très frais, ils viennent d’être coupés, les odeurs des herbes et des fleurs parfument la rue. Les magasins s’ouvrent petit à petit, la lumière arrive, et le nombre de passants augmente. Une femme en pyjama satiné attend que son poisson soit vidé et découpé.
En sortant de la ville, direction est, la baie d’Ha Long, nous croisons le flot incroyable des scooters des banlieusards. Par centaines, ils envahissent les rues et les ronds points et s’agglutinent aux feux rouges. La diversité des couleurs des casques et le nombre de passagers par engin, sont toujours aussi risibles.
En route, arrêt dans un immense atelier de broderie sur soie, de peintures laquées, de sculptures sur bois et sur pierre, et de création de bijoux. Il a été créé par l’Etat pour donner un emploi aux enfants handicapés des soldats contaminés par l’agent orange. Les handicapés (sourds-muets et moteurs légers) manient habilement le fil et les ciseaux. Les américains ont déversé des dizaines de millions de litres de ce produit pour infecter la forêt primaire où se cachait les troupes vietnamiennes, mais l’eau, les sols, les légumes, l’ont été également, pour des centaines d’années. Deux générations après, des enfants naissent avec des malformations et des paralysies, le poison a atteint l’ADN. Pour combien de générations ?
Le delta du fleuve rouge est rempli de rizières toutes en eau et très vertes, qui produisent deux récoltes par an. Le Vietnam est le deuxième exportateur de riz au monde après la Thaïlande. Les paysans ne sont pas propriétaires de la terre, l’état conservant le monopole foncier. Ils cultivent comme ils le souhaitent et sont libres de vendre leur production où ils le veulent, après avoir payé le lourd tribu du loyer. Avec la frénésie industrielle, le gouvernement cède des terrains pour construire des usines et des bâtiments et les paysans se retrouvent, du jour au lendemain et sans consultation, sans terre à cultiver, sans travail et sans revenu. Seuls les jeunes pourront se faire embaucher dans la nouvelle économie, les plus âgés étant moins malléables.
Des vétérans de la guerre, en uniforme d'apparat avec décorations et étoile rouge, sortent d’une réunion. Aujourd’hui, ils fêtent l’anniversaire de la réunification du Vietnam du nord et du sud, du 30 mars 1975. Denis leur demande s’il peut les photographier, hilares et fiers, ils posent, assis à trois sur un scoot.
La baie est enfin en vue, nous apercevons beaucoup de fermes perlières. Ici les huitres sont élevées dans l’eau douce et dans l’eau de mer. Différents magasins de perles vantent leur production, celles d’eau douce sont blanches et de formes irrégulières, celles d’eau de mer sont colorées : gris, saumon, rose ou crème et rondes.
Il est midi, quand nous embarquons sur notre jonque pour déjeuner. Malgré la flottille très importante de bateaux de touristes, la magie opère, les rochers apparaissent, l’eau et la pierre se confondent. Des centaines d’îlots de toutes tailles créent des multitudes de baies, de criques. de pitons, de montagnes, d’antres, de cavernes et de mers intérieures. Les pirates ont longtemps trouvé refuge dans ce dédale maritime. Il a fallu la marine Anglaise pour les déloger et sécuriser les voies commerciales naissantes.
Nous longeons les falaises abruptes de calcaire. Ces pitons, ces aiguilles, toutes ces fantaisies sont nées de la mer il y a des millions d’années. La sédimentation marine a laissé une couche épaisse de coquillages qui avec l’action de l’eau a creusé ce fantastique réseau de grottes et de cavernes, nommé karst. Et Ha Long est le plus grand karst marin du monde. Le spectacle est grandiose malgré le temps gris. Le capitaine nous dit que ces jours derniers, le brouillard empêchait d’admirer toutes ces merveilles. Certains jours, l’accès a même été interdit par faute de visibilité. Les personnes sont alors renvoyées à la Baie d’Ha Long terrestre à quelques kilomètres, qui est beaucoup plus petite et beaucoup moins grandiose. Nous avons de la chance.
1 969 îles émergent de ces eaux et le site est au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994. 980 d’entre elles, sont nommées, comme Les Coqs Combattants, l’Ilot du Cimetière, le Chien en Pierre, Le Brûle Parfum.
Nous débarquons pour voir la grotte de la Surprise. L’accès est à 50 mètres dans la falaise et plusieurs salles se succèdent sur plus de 500 mètres, avec des stalactites de toutes formes et de toutes les hauteurs. Nous imaginons les peuples qui ont pu y trouver refuge, la baie est habitée depuis 6 000 ans.
Puis arrêt sur l’île Ti Top, avec sa plage, où l’eau, d’après notre guide, Thuy, est à 22°, mais bizarrement personne n’est dans l’eau. Et pour cause, la température n’excède pas 17°. Nous nous baignons quand même, nous ne sommes pas tous les jours dans la baie d’Ha Long !
La jonque jette l’ancre pour la nuit dans une crique bien abritée, la mer est calme et le charme opère toujours. Nous philosophons avec Thuy, sur les arts martiaux et la culture vietnamienne, entre bouddhisme, communisme et capitalisme. Les trois mots se terminent pareil mais ne vous y fiez pas.
La nuit tombe, pas d’étoile cette nuit, le ciel reste couvert, pas de vent non plus et nous n’avons pas l’impression d’être sur un bateau. Nous prenons assez vite le chemin de la cabine, nous sommes debout depuis très tôt ce matin.
Demain, nous continuerons notre visite de la baie d’Ha Long, mais cela sera une notre histoire.
Tam Biêt
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