J -2
Dumela,
Nous prenons un petit déjeuner très rapide pour profiter, encore un peu
plus, du dernier safari en 4 x 4. Nous sommes seulement tous les quatre
avec un ranger.
À cette heure matinale, les impalas boivent à un point d’eau. Les
premières se désaltèrent pendant que les autres surveillent tout autour
d’elles.
Nous sommes dans le bush et oh surprise ! à côté d’une termitière, un
léopard se confond avec son environnement. Il nous a surement entendu,
mais il est absorbé par quelque chose. Nous nous arrêtons et le
contemplons. Sa robe est propre et lisse, ses muscles se devinent malgré
sa position assise, ses oreilles sont en mouvement. Et d’un seul coup,
il déploie son sculptural corps et avance dans les herbes vertes qui
entourent son promontoire. Il avance d’un pas saccadé, tel un jouet
fonctionnant avec des piles usagées. Nous ne parlons pas, nous
communiquons avec notre ranger seulement avec nos regards et nous
devinons son étonnement. Que se passe-t-il ? Il ne peut pas chasser, on
ne voit pas d’autres animaux. Il s’enfile méticuleusement dans les
hautes herbes, il se voit à peine, il est complètement baissé et seules
les ondulations des tiges hautes désignent sa présence. Et puis, plus
rien. À cet endroit, la végétation est marron, cela veut dire que les
herbes sont dans l’eau. Il doit donc nager. Les secondes s’écoulent,
nous sommes très attentifs, jumelles, caméra et appareil photo sur le
nez. Nous ne le voyons plus. Nous n’entendons rien. Où est-il passé ?
Que fait-il ?
Et d’un seul coup, nous sommes médusés devant le spectacle. Derrière un
petit bosquet juste devant nous, une impala saute en l’air avec le
léopard accroché à sa gorge. Ils retombent dans un fracas de boue et de
corps. Une autre antilope se sauve de ce piège mortel et s’arrête un peu
plus loin, regarder son compagnon se débattre inutilement. Elles
devaient se reposer sur ce petit îlot de verdure à l’ombre d’un
rachitique arbrisseau, entouré d’eau.
Nous ne voyons plus rien, mais nous devinons la scène. Le léopard est
toujours accroché à la jugulaire de sa proie. Il attend son dernier
soupir pour la croquer.
Il faut être patient et attendre encore. Mais nous sommes récompensés,
car le félin choisit la partie de l’îlot en vue pour venir se nettoyer.
Lui si beau tout à l’heure, est maintenant tout marron par sa baignade
forcée avec la gueule tachée de sang. Il entreprend son nettoyage
méticuleux à grand coup de langue rose. De temps en temps, il retourne
derrière le bosquet pour croquer un morceau et revient se faire une
beauté. Il scrute les alentours, il doit choisir un arbre pour monter sa
proie et la protéger des hyènes qui pourraient lui voler à terre. Il
devra tirer le double de son poids, soit 60 kg de chair morte, alors
qu’il ne fait que 37 kg environ.
En voulant nous approcher encore plus, notre guide enlise notre véhicule
et il faut compter sur l’assistance d’un autre 4x4 et de son treuil
pour nous sortir de cette fange.
Nous sommes obligés de partir, notre avion nous attend. Nous souhaitons
au léopard un bon appétit et nous revenons au lodge pour boucler, très
rapidement, nos sacs.
Nous longeons la piste d'atterrissage et notre avion nous double. Nous
retrouvons dans l’habitacle notre ancien guide et nous décollons. 6
places et des bagages. Une faible hauteur idéale pour contempler de
nouveau le superbe delta de l’Okavango. Les girafes courent en petit
groupe, un éléphant solitaire marche dans les marais, les papyrus se
referment derrière lui.
Nous prenons l’avion pour Maun, capitale touristique du Botswana
(Gaborone étant la capitale du pays) où à 15 h nous nous envolerons sur
Air Botswana pour retourner en Afrique du Sud.
Nous quittons le Botswana et son splendide delta qui nous a émerveillé tous les jours.
Demain, journée à Johannesburg, avant le grand départ, mais cela sera une autre histoire.
Tsamaya sentle
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