Nous quittons Bikaner, et sur la route
nous visitons le fort Balaharh à Pokaran (16° siècle) aux remparts de grès rouge.
Une antilope cervicapre, tant appréciée
des peintres pour sa beauté et sa finesse, nous fait l’honneur de poser pour
nous, au bord du talus. Une dizaine de gros vautours s’envolent alors que nous
venons les photographier, ils sont magnifiques. Un peu plus loin, un tas de
chaussures noires usées ont été jetées à même le bord !! Des cénotaphes (petits
pavillons à baldaquin en forme de dôme soutenu par 4 ou 8 piliers) se dessinent
à l’horizon et identifient le lieu de crémation des princes rajputes (caste des
guerriers).
Depuis la route monotone apparaissent enfin
les remparts imposants de Jaisalmer (80 000 habitants - 242 m. d’altitude - à
150 km de la frontière du Pakistan). Sa couleur ocre ne la distingue pas du
paysage. La ville est animée et pour cette fin d’après-midi, nous regardons le
soleil se coucher depuis la terrasse de notre hôtel.
Le lendemain, avec notre guide, nous
partons tous les six, voir le lac sacré Gadi Sagar. Ce n’était qu’une retenue
d’eau au 14° siècle avant que le canal Indira Gandhi fournisse l’eau nécessaire
à la ville au 20° siècle. On l’appelle sacré, car à côté se trouve le
crématorium. Après la cérémonie, la famille doit se plonger entièrement dans
l’eau, pour éviter d’emmener des cendres à la maison. L’eau et les abords sont
sales et de gros poissons-chats, de plus d’un mètre de long, viennent manger le
pain que les hindous leur apportent. Pour améliorer leur karma, ils nourrissent
la vache, le chien, l’oiseau et le poisson !
Puis nous rentrons dans la forteresse ( 5
km de remparts extérieurs ) par de multiples portes festonnées. En représailles
d’une attaque de sa caravane, le sultan assiège la ville. Refusant de se
rendre, les guerriers se lancent dans une attaque suicidaire, pendant que 24
000 femmes et enfants préfèrent la mort à la défaite et se jettent dans un
bûcher. Cette catastrophe a eu lieu deux fois en dix ans !
La ville haute se visite à pied, mais les
redoutables et bruyants rickshaws et motos nous font peur. 99 tours dans une
double muraille crénelée de plus de dix mètres de haut, des murs ciselés comme
de la dentelle, des balcons couverts de toit bengali (demi-lune), les havelis
(demeures familiales) superbement sculptées, des fenêtres ornementées, des
paons et des éléphants sculptés, des plafonds en miroirs, des parasols sculptés
... tout est superbe en levant la tête, et tout est malheureusement très sale
en baissant les yeux ! Les remparts sont menacés par l’écoulement des eaux des
4000 habitants permanents et surtout des 70 hôtels et restaurants installés
intra muros. Même l’Unesco a du mal à mettre en place un plan de sauvegarde se
heurtant à de nombreuses oppositions : financières et liées aux castes si
présentes ici, malgré une loi du Mahatma Gandhi les interdisant.
Déchaussés, nous rentrons dans les
temples Jaïns (12° et 15° siècle). Cette religion (1% de la population) se
différencie de l’hindouisme ( Ils vénèrent 33 millions de divinités ) par aucun
dieu mais vingt quatre prophètes qui sont représentés assis en méditation, une
fleur de lotus sculptée sur le torse et les yeux ouverts. Un signe distinctif
permet de les reconnaître, le premier avec un taureau, le huitième avec la
maison lune, par exemple. Les moines portent un masque sur la bouche pour
éviter d’avaler un insecte et mangent seulement le jour afin de n’avaler aucun
moustique. Effectivement, ils ont un régime draconien de végétarien, ne
mangeant que les légumes qui poussent au dessus de la terre, de peur de tuer
des vers de terre. Ils restent six mois à l’intérieur, et parcourent pendant
les autres six mois, à pied uniquement, le chemin qui relie les vingt quatre
villes où sont édifiés les vingt quatre temples principaux. Ils s’opposent aux
castes et les femmes sont acceptées. Ils se différencient en deux sectes : les
digambara, qui vivent nus et plutôt dans le sud et les svetambara, vêtus de
blanc, les plus nombreux et vivant surtout au Rajasthan. Des prêtres drapés en
safran et masque sur la bouche, nous reçoivent dans une cour intérieure
entièrement sculptée coiffée d’une coupole avec une fleur de lotus en son
centre. Les murs sont épais et nous
protègent du bruit de la ville, le parfum de l’encens et l’atmosphère paisible
nous permet d’apprécier la qualité des sculptures.
Nous redescendons
en rickshaws, nous ne sommes que trois par véhicule alors que nous en avons
croisé avec environ 12 personnes à l’intérieur (si l’on peut dire)...Nous
arrivons dans la vile basse, riche en havelis, les marchands, souvent des Jaïns,
n’avaient pas le droit de s’installer dans la ville haute. Au XIX è siècle,
devenus très riches avec la route de la soie, ils se sont fait construire des havelis
somptueux dépassant en magnificence le palais du Maharaja, celui ci a alors décidé de se faire
construire lui aussi un palais incroyable dans la ville basse. Nous déambulons
dans la ville passant d’une façade à l’autre, toutes aussi belles les unes que
les autres. Le palais du Maharadja abrite un musée avec des photos où les
ministres arborent des moustaches incroyables.
Après une courte pause, nous allons voir
le coucher du soleil, nous arrivons dans un lieu de sépulture avec des cenotaphes de la caste des guerriers. Mais une musique nous attire, en
contournant le terre-plein nous voyons un cortège en bas de la colline. Nous la
descendons et rejoignons un mariage, les femmes sont superbes dans leurs saris
multicolores, les hommes sont en train de distribuer leurs cadeaux auprès de la
mère du marié. C’est le premier jour du mariage, qui va durer 4 à 5 jours, et
la mariée est encore chez ses parents, elle n’arrivera que dans 2 jours. Le
frère du marié nous demande de faire des photos car le photographe officiel
n’est pas encore arrivé... Deux tentes sont dressées de part et d’autre de la
maison, une pour les hommes et l’autre pour les femmes.
Le marié regarde tout cela, en jean et
blouson, alors que tous les invités ont sorti leurs beaux habits, les enfants
comme partout sont accros des photos.
Nous les quittons à regret et arrivons
juste pour la fin du coucher de soleil... superbe
Demain, route pour Jodhpur, mais comme
vous le savez, cela sera une autre histoire
tata (aurevoir)
P.S. : nous avons des problèmes pour
trouver des bonnes connexions, merci de votre patience.
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