Namasté,
Vendredi, nous quittons Jaisalmer, pour
six heures de route. A notre arrivée à Mandore, nous nous installons dans une
guest house qui développe des projets d’aide aux communautés locales. Nous
partons en 4x4 visiter un village Bishnois. lls suivent vingt-neuf principes,
sont végétariens et respectent les grands arbres. Ils sont connus pour avoir
défendu des arbres qui étaient menacés par la construction d’un palais, et 350
d’entre eux ont été décapités. Le village est composé de petites cours privées,
très propres, faites en bouse de vache séchée, avec deux ou trois huttes à toit
en paille. Une femme âgée de 74 ans nous reçoit, accroupie devant sa cuisine,
préparée à l’extérieur. Elle veut connaître nos prénoms, nos âges, et aimerait
garder Camille pour la marier ! Sa belle-fille, 16 ans, nous regarde amusée,
sans rien dire, derrière son voile. D’autres plus loin, plus loquaces, se
laissent prendre en photo. Elles sont mariées dès l’âge de sept ans avec des
garçons de dix ans, mais iront vivre dans la belle famille à quinze et dix huit
ans ! Nous rendons visite à des potiers, et rentrons fourbus de notre safari
rurbain, car avant d’arriver en campagne, nous avons traversé toute la ville
dans le flux incessant de tous les véhicules de la fin d’après-midi.
Samedi, nous commençons notre visite par
le lac Jaswant Thado, où hérons, cormorans, canards et cygnes se débarbouillent
dans ce lac naturel alimenté par les pluies de la mousson. Le mausolée des
maharajas est tout en marbre blanc de 42 cm d’épaisseur, certains blocs sont
translucides pour laisser passer la lumière, les boiseries des fenêtres sont
vertes sculptées de fleurs.
Nous sommes sous les murailles de
Jodhpur, nommée la ville du soleil pour la chaleur, ou la ville bleue pour la
couleur indigo des murs de la ville basse. 1.5 millions d’habitants, 2° plus
grande ville du Rajasthan. La ville est protégée par un mur d’enceinte de dix
kilomètres de long. Sa forteresse est impressionnante avec des murs fortifiés
de 124 m. de haut et sept portes d’entrée. Elle a été prise qu’une fois par les
mongols. La construction a débuté en 1459 et dura quatre siècles, de nos jours
encore de multiples restaurations continuent.
A l’entrée, une citerne d’eau alimentait
la ville à l’aide d’une roue fixée tout en haut des remparts et mue par des
taureaux. Nous montons au quinzième étage à l’aide d’un ascenseur et entrons
dans la cour de couronnement avec son trône en marbre blanc. Il a été utilisé la
dernière fois en 19XX pour l’actuel maharaja, qui a été couronné à l’âge de
quatre ans. 275 motifs différents de
moucharabiehs protégeaient les femmes. Le site est superbe, choisi pour des
tournages de films indiens ou des cérémonies prestigieuses privées.
Puis des selles d’éléphants toutes aussi
belles, utilisées pour la parade, la chasse, mais aussi pour le... polo ! Les
palanquins portés par huit, douze ou vingt quatre hommes sont en bois et en
argent et pèsent à vide, 150 ou 200 kg. Pour les femmes, d’astucieux rideaux
avec des moucharabiehs cousus. Le petit prince avait le sien, entièrement
sculpté de paons. La chaise à porteur de la grand-mère du maharaja actuel
l’utilisait pour regarder le polo derrière des vitres sans tain. Un fumeur de
narghilé exhibe une barbe blanche taillée comme une crinière de lion. Dans une
vitrine, nous contemplons des petits paravents portés par les mariés afin de ne
pas se voir. Seul les prêtres après la cérémonie, les enlevaient et
là...surprise !
Des armes toutes aussi belles et
horribles, un canon, cadeau chinois, avec bouche en tête de cochon et queue de
crocodile. Des miniatures sur papier du 18 et 19°, sur les divinités et la vie
du prince.
Puis la pièce de danse, avec son plafond
en bois doré à la feuille d’or, des peintures, des tapis, des boules dorées
pour refléter la lumière, et surtout ses dimensions «royales». Un maharaja
s’est marié avec 29 femmes sur une période de neuf ans, soit 3 fois par an.
Une longue enfilade de berceaux royaux
tout aussi dorés et sculptés, la salle d’audience privée où chaque reine,
quoique dissimulée derrière une porte, donnait son avis par l’intermédiaire
d’eunuques.
Nous redescendons jusqu’à la ville basse,
où voitures, bus, rickchaws, motos, vélos, vaches, charrettes, piétons... font
un tintamarre d’enfer. Le sol est jonché d’immondices, un rat nous passe entre
les jambes à deux reprises. Le marché se déroule sur plusieurs routes à partir
de la Clock Tower, érigée par les anglais. Tissus, fruits et légumes, cuisine,
épices, ferronnerie, vannerie à même le sol. On essaye d’apercevoir des maisons
bleues, mais elles sont repeintes en jaune «en moderne».
Demain, route pour Udaipur «la ville
blanche», mais comme vous le savez, cela sera une autre histoire.
Tata
Aujourd’hui, six mois de périple bouclés
et six mois d’aventures à venir.
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