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Notre voyage a commencé le 28 juillet 2011 et s'est terminé un an plus tard, le 28 juillet 2012.
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jeudi 23 février 2012

Croisière sur le Mékong - 1er jour - Laos

Sabai-Dee

A 8 h, nous embarquons sur notre bateau, un sorte de péniche, tout en bois, bois de rose et teck, de 39 m. de long. Le couple de propriétaire l’a construit et décoré, et y vit toute l’année. Des camions et des semi, attendent pour traverser le fleuve, sur un bac. Un peu plus loin, nous reconnaissons le poste frontière avec les incessants aller-retour des long boats.  Marche arrière savante pour s'extirper des autres bateaux, et nous voila partis pour rejoindre Luang Prabang dans deux jours.

Le Mékong prend sa source à plus de 4 000 km de la mer, sur le plateau tibétain. Dans sa plus grande largeur, au sud du Laos, il peut atteindre 14 km. Il est le 12° fleuve le plus long du monde et le 10° par son débit. A cause d’une série de rapides, il ne peut être utiliser comme autoroute fluviale, comme certains grands fleuves.
Pendant des millénaires, le Mékong a été l’artère vitale du Laos. 60 millions de personnes vivent de la pêche et d’autres ressources fournies par le fleuve et ses affluents. Il  apporte l’eau, les poissons, les cultures surtout de riz et les centrales hydroélectriques. Les fleuves et les rivières totalisent plus de 4 600 km de voies navigables au Laos. Navigable toute l’année (en théorie, mais plus en pratique) d’Huay-Xai à Savannkhet au sud, soit environ 70 % de son cours. Mais l’amélioration des routes prive et va priver le travail des mariniers incapables de rivaliser avec les prix et la rapidité des transporteurs.

Des femmes ramassent des algues à l’aide de panier tressé. Elles les feront sécher au soleil et frire à la poêle avec des graines de sésame, puis les vendrons sur le marché. Il faudra goûter ! D’autres lavent leur linge et des ustensiles de cuisine. Un peu plus loin, les laotiens à bâbord, remplissent à la main, des gros bidons qui serviront au village. Côté thaïlandais, à tribord, une pompe fait le travail. Le soleil nous réchauffe un peu, mais la polaire est la bienvenue, car le vent est froid.

Le courant fort nous surprend. Le Mékong n’est pas un fleuve tranquille, des rapides accélèrent notre mouvement. La navigation paraît difficile. On ralentit, les roches sont partout, on a l’impression à ce moment d’être sur une rivière de montagne. Le niveau est bas, il faut faire très attention, même si le tirant d’eau du bateau n’est que d’un mètre.

Des digues en sable ou en pierres, plus ou moins bien faites, protègent les berges. La hauteur de l’eau varie beaucoup dans l’année. Nous entendons le même problème. Les barrages chinois bouleversent tous les pays en aval. Quand les chinois lâchent l’eau sans prévenir, c’est une catastrophe pour ceux qui sont dessous. Dans tous les reportages écoutés en France ou vus sur internet, il y a quelques mois, au moment de la grande inondation à Bangkok, personne n’évoque cela. On ne veut pas faire de l’ombre à cette puissance mondiale !
La Birmanie, Le Laos, La Thaïlande, Le Vietnam et Le Cambodge ont pu signer l’année dernière avec la Chine un accord pour laisser un minimum d’un mètre cinquante d’eau dans le fleuve, pour ne pas paralyser le commerce, car le manque d’eau paralyse tout.
La berge bâbord devient laotienne, on a vraiment quitté la Thaïlande. Au mois d’avril quand l’eau est la plus basse, on fait de l’or paillage, pour rechercher des pépites au fond du lit, tout le long des rives. Même si ce n’est pas la grande période, on voit quand même, très souvent, à de multiples endroits, une dizaine de femmes, grand chapeau  sur la tête et tamis à la main, penchées sur l’eau espérance. Quand on s’arrête, on voit des particules dorées briller.

Nous nous arrêtons pour des formalités administratives car nous changeons de province. Tous les bateaux doivent s’arrêter, mais rien n’est prévu, pas d’embarcadère. Chacun plante une barre à mine pour accrocher son bateau.

Un speed boat nous double. Ces barques à moteur sont très rapides et font peur. Ils font le trajet en cinq heures alors que nous, il nous en faudra vingt quatre ! Les guides conseillent de ne pas les prendre, toute l’année il y a des accidents. Un vient de passer, à son bord, deux moines oranges, sans casque mais avec toute la protection divine !

Nous débarquons sur une plage façon GI en Normandie, pour aller voir les Camus, un peuple du Mékong, qui, ne se ravitaille que par le fleuve. Leurs maisons sont faites en teck et en paille tressée de façon traditionnelle. Seule, la maison du chef du village, représentant du gouvernement, est faite de brique avec des tuiles colorées.  Des petits greniers sont sur pilotis à côté des maisons et abritent les réserves de riz, de maïs et de mil. Un astucieux système de pièce de bois ronde fixée en haut des pilotis permet de les isoler des termites.  L’eau pompée dans le fleuve et celle qui descend de la montagne permettent toutes sortes de cultures. Les oignons sont plantés sur des châssis en bambou en hauteur pour les protéger des poules et autres cochons. L’école est dans le village suivant, et les enfants doivent prendre le bateau pour suivre les cours. Nous arrivons un jeudi en plein journée et beaucoup d’enfants nous accueillent, alors que notre guide nous explique que l’école est obligatoire...peut être l’école buissonnière. Des femmes pilent le riz en reproduisant les gestes ancestraux, une adolescente en a mal à l’épaule. Après essai, le mandrin dont elle se sert doit bien peser 10 kg. Ils parlent un dialecte que notre guide a du mal à comprendre. 70 familles habitent ici, et chacune a de nombreux enfants, même si tous, aujourd’hui, grâce à la fée électrique, ont la télévision...

Nous reprenons le cours du fleuve, les villages s’égrainent lentement. La température est montée et une certaine nonchalance nous saisit. Devant chaque village, les adultes sondent leurs bassines à la recherche de la pépite miraculeuse et des nuées d’enfants tous nus jouent à se jeter dans l’eau avec des bambous.

Nous arrivons en fin de journée, à l'hôtel situé au bord du fleuve. Demain, à 6 h 30, balade en éléphant puis à 8 h nous remonterons sur notre embarcation, mais comme vous le savez, cela sera une autre histoire.

Sohk Dee Der


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