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Notre voyage a commencé le 28 juillet 2011 et s'est terminé un an plus tard, le 28 juillet 2012.
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dimanche 29 avril 2012

La Chine - suite et fin

 Ni Hao,

Nous quittons la Chine, après un mois de tribulations du sud au nord. Chaque jour, nous avons été étonnés ou abasourdis. Nous n’avons pas pu communiquer nos pensées, nos réflexions pendant notre séjour dans le pays du milieu, car nous avons craint pour nos mails. Quelques guides ont été plus loquaces que d’autres et nous ont fait part de leur réelle vie au sein d’un pays fermé qui s’ouvre petit à petit et ils nous ont demandé le silence et la discrétion. Un pays communiste qui vit comme un pays libéral où l’argent est omniprésent.

L’empire du milieu est vraiment bien nommé aujourd’hui. La mafia se confond avec les dirigeants en place. La corruption est partout. Quand nous voyons tous ces chantiers pharaoniques dans tout le pays, nous comprenons mieux pourquoi la Chine est le pays au monde où il roule le plus de Ferrari ou toutes autres marques de luxe. Il y a un immense fossé entre le discours officiel, qui évolue à la rapidité de la tortue et l’enrichissement des gens en place, qui rappelle plus la course du lièvre.

Le parti unique propose des élections mais il n’y a qu’un candidat, et quand il y en  plusieurs, ils sont tous du même parti ! Une jeune guide, nous a dit que c’était plus pratique, qu’il n’y avait pas de tension dans le pays pendant ce temps, et que le parti s’occupait de tout ! Parfois, c’est vrai que cela peut faire rêver.

Sur la place Tian An Men, une autre jeune guide nous a répondu qu’elle ne savait pas pour les chars et de la révolte de 1978 et qu’elle ne connaissait pas la fameuse photo du jeune étudiant, qu’elle n’était pas née à ce moment-là, alors elle ne peut pas savoir.

Le Tibet, très religieux est séparé en deux zones, l’avant pays, dirigé  par la Dalai Lama en exil et l’arrière pays guidé lui par la pancha lama. L’état, au lieu de respecter la méthode ancestrale de choix du nouveau Pancha lama, en a nommé un, qui reste à Pékin et non à Lhassa, aux ordres du parti bien sur. C’est un sujet de fort mécontentement au Tibet, en plus de toute les humiliations qu’ils ont subies et qu’il subissent encore. 

Si, en Chine, vous tapez sur Google, Tibet, Révolution, etc..vous n’aurez pas de réponse. Facebook est inimaginable. Mais les chinois arrivent à contourner les obstacles électroniques et internet est et sera un outil majeur pour véhiculer des idées nouvelles et lutter contre la pensée unique.

Beaucoup d’injustices, il faut payer partout, dans toutes les administrations. Hôpitaux, police, mairie, écoles, etc...  Les médecins voient officiellement 300 patients par jour, alors pour être vu réellement, l’enveloppe est de rigueur. L’accès aux médicaments, à priori gratuit, est payant lui aussi. Les médecins prennent les médicaments à l’hôpital et les revendent aux patients...Les meilleurs postes dans les administrations s’achètent, de plus en plus cher quand on monte dans la hiérarchie, alors il faut rentabiliser au plus vite cet investissement.
Un guide nous a dit avoir «loupé « le permis de conduire car il ne voulait pas ou ne pouvait pas payer. Il a compris, il le repassera cette année avec enveloppe et aura son précieux sésame. Un autre nous a dit que même à l’école, certains examens étaient truqués par des enveloppes.



  

Le regard des deux couples de grand-parents et du couple de parents pour l’enfant unique est rempli de satisfaction et d’attente. La politique de l’enfant unique a rendu des millions de chinois malheureux. Des milliers d’enfants sont morts avant et après leur naissance, surtout des filles, pour le bien être du pays. Nous qui sommes devenus si individualistes, nous n’arrivons pas à imaginer autant de tyrannie dans la vie personnelle des gens. Sachez que cette politique a été mise en place en 1978, le pays , à cette époque, a du mal à nourrir tout le monde, et la population est à 70% paysanne avec une tradition de famille nombreuse, synonyme de nombreuses famines. Sans cette politique, la Chine flirterait  aujourd’hui avec les 2 milliards, mais le prix a été et sera très cher à payer. La Chine vieillit et la pyramide des âges actuelle a de quoi faire peur pour l’avenir proche. Ainsi, et seulement depuis 2010, il y a eu quelques aménagements :
Si les parents sont des enfants uniques, il est possible d’avoir un 2ème enfant, si le premier enfant est une fille.
Si les 2 parents sont paysans et qu’ils vivent à la campagne, il est possible d’avoir un 2ème même si le 1er est un garçon.
Si les 2 parents font partie de minorité et s’ils ne sont pas fonctionnaires, il est possible d’avoir 2 enfants.
Dans la période la plus noire du contrôle des naissances, avec un deuxième enfant ou une deuxième maternité, les parents perdaient leur travail et beaucoup de sanctions pouvaient toucher leurs familles. Aujourd’hui, l’argent fait la différence et les plus riches payent de lourdes amendes pour avoir plusieurs enfants, représentant trois fois leur salaire annuel. L’immense majorité n’a donc pas le choix. Un seul enfant pour deux familles, ils sont donc très gâtés, font souvent des caprices, sont habillés comme des princes et des princesses. On peut acheter des jouets dans n’importe quel lieu public. Que donnera plus tard, tous ces enfants , supporteront-ils les aléas de la vie. Une guide nous a fait la réflexion en voyant Viviane et Camille s’amuser que :»les familles nombreuses, c’est bien». Les yeux humides, elle a ajouté qu’elle était enfant unique, que sa maman aurait voulu un autre enfant mais qu’elle n’avait pas d’argent... Un autre nous raconte qu’un jour où il était enfant, ses parents ont trouvé un panier devant leur porte avec une petite fille. N’ayant pas suffisamment d’argent pour l’adopter, un couple de voisins, ne pouvant avoir d’enfant, a été trop heureux de la prendre avec eux. Une seule maternité étant possible, certain couples ayant une fille en premier et, voulant absolument un garçon, prennent le risque d’avoir un deuxième enfant. La femme va accoucher sans assistance hospitalière et ils ne déclareront pas la naissance aux autorités. Ces enfants sont alors sans papier et sans existence officielle. Il y en aurait plusieurs millions en Chine, dans l’impossibilité d’aller à l’école, et d’avoir accès aux services sociaux. Ils n’existent pas et pourtant ils vivent...   

Les enfants sont, dès la crèche, une grosse dépense. Les structures sont insuffisantes, il faut soudoyer un responsable pour avoir une place. A l’école, les enfants peuvent être cinquante ou soixante par classe. Si vous voulez que l’instituteur s’occupe un peu de votre bambin, il faut lui donner régulièrement des enveloppes. L’enfant doit absolument réussir, les places sont peu nombreuses. Il y a peu de vacances scolaires et ils se retrouvent à travailler sans cesse sur leurs devoirs, tous les jours, dès leur plus jeune âge.
La pression exercée par les familles sur les enfants est terrible, ils doivent absolument réussir, et l’université est LE BUT, pour tous les parents et grand-parents. La compétition est partout, le moindre poste intéressant voit des centaines de candidats postuler. C’est la porte ouverte à tous les excès.

Après Hong-Kong, ville tonitruante ressemblant à New York, nous sommes partis dans des endroits très touristiques. Mais touristique ne veut pas dire adapté aux européens, non, les touristes ici, sont à 90 % des chinois. Nous avons rencontré peu d’européens et encore moins de français. Les chinois circulent en cars bondés, casquette de couleur vissée sur leur tête. Sitôt que le car s’arrête, ils sautent littéralement pour suivre le guide qui à l’aide d’un parapluie ou d’une perche, les harangue avec un micro fort et grésillant. Il est impossible de couper leur file, car les représailles peuvent être terribles, vous risquez d’être bousculés voire renversés sans que personne ne s’en préoccupe.
Le flux incessant de personnes a été très fatigant, ils sont nombreux, très nombreux et hurlent entre eux pour s’interpeler. Les trottoirs et les rues sont bondés. Sur les sites, ils prennent toute la place et ils ne conçoivent pas la file d’attente. Ils essayent de doubler, plus par principe, je pense. Ils vous doublent pour tout, essayent de s’infiltrer, interpellent la personne qui s’occupe de vous, ils ne peuvent pas attendre. Si la Chine a la première place de ce podium, nous l’avons vu dans toute l’Asie.
Mais le plus terrible, ce sont les crachats. Ils se raclent le nez et la gorge tout le temps et crachent partout, dans les sites, les rues et même à table dans les restaurants. Les WC sont repoussants, souvent sans portes, et quand il y en a, les femmes les laissent ouvertes pour discuter avec les copines accroupies sur les WC, convivial ! Les chasses ne sont pas tirées et je ne vous parlerai pas des petites poubelles. Pas de papier, soyez prévoyantes. Pas de savon non plus, de toute façon, elles ne se nettoient pas les mains en sortant, pire elles se nettoient le nez dans le lavabo en se pinçant le nez.  La table des restaurants est souvent à l’unisson, et il faut nettoyer la vaisselle et les baguettes avec vos serviettes, car il n’y en a que rarement. Par chance, Benny, notre ancien fournisseur chinois nous avait sélectionné des hôtels 4 étoiles. Malgré cette précaution indispensable, nous avons eu des draps tachés, etc... 

Dans les spectacles, quand ils ne discutent pas à haute voix ou téléphonent,  ils rient comme des enfants. Ils leur ressemblent aussi quand, dans la rue, ils jouent à toute sorte de jeux de sociétés ou dansent dans les squares, ou qu’ils sont accroupis sur leur fessier pour manger leur bol de riz. La société parait encore très machiste, mais les couples sont tendres entre eux.

En écoutant leur histoire, récente ou plus ancienne, on comprend qu’ils aient du mal à vivre en société et qu’ils n’aient pas les valeurs nécessaires. La révolution culturelle a banni toute forme de culture personnelle et le petit livre rouge(Mao sait tout) est devenu le livre de chevet de toute la Chine. De plus, aujourd’hui, un dixième des chinois appartient au parti, et on ne sait jamais avec qui l’on parle. Le principe est donc de se taire et de ne faire confiance à personne. Tout va bien, et merci le parti. A Kunming, nous avons vu quand même une petite manifestation de personnes âgées, à qui l’on avait «demandé» de déménager et que l’on avait oublié de reloger, cela il y a plus de trois ans. 

La chine s’est réveillée, mais nous avons du mal à la voir comme une super puissance. D’un côté, le développement se fait au triple galop; ils construisent des villes entières pendant nous discutons pour le tracé d’une route. D’un autre, les campagnes sont encore presque à l’âge féodal, avec des conditions de vie très précaires. La Chine est en marche, mais il faudra faire encore beaucoup de longues marches pour convaincre le monde de la considérer autrement que comme une immense usine.

Une classe moyenne est en train de voir le jour, éduquée, avec de plus en plus de contacts avec l’étranger. Une évolution de la politique se fera obligatoirement dans les années à venir, comment?? Nous espérons qu’elle soit la plus douce possible pour ce peuple, très différent de nous, mais très accueillants, curieux des autres et d’une extrême gentillesse, quand on brise la barrière de la langue. C’est un pays très intéressant, fascinant, très riche culturellement et qui est en train de redécouvrir toutes ces merveilles enfouies pendant des années. Seul regret, d’avoir du supprimer Shanghai du programme, mais nous reviendrons. 

Aujourd’hui, repos à Jimbaran Bali au bord de la piscine et de la mer pour récupérer du vol de nuit. 
Demain, départ pour la découverte de Bali, mais cela sera encore une autre histoire.

Zai Jian

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