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Notre voyage a commencé le 28 juillet 2011 et s'est terminé un an plus tard, le 28 juillet 2012.
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vendredi 30 septembre 2011

Difunta Correa - Argentine

Nous partons ce matin en direction de Mendoza, 400 km. Nous ressentons déjà la grande ville, la route est goudronnée !!! Nous sommes sur une route toute droite mais en «montagne russe» ou «woops», c’est-à-dire, en vagues, elle suit le relief et les rios asséchés, sans infrastructure, ni ponts. Nous avançons dans la vallée. Nous avons quitté la route 40 qui traverse le pays jusqu’à Ushuaia, et qui fait presque 5 000 km. Sur les bornes ces chiffres s'égrenaient doucement. Nous avons eu 4 700 il y a quelques jours, et maintenant 3 300 contre les vignes de Mendoza.

Nous quittons cette région du nord ouest qui nous a tant charmé par ses paysages époustouflants de beauté, ses roches rouge-ocre, toutes ses couleurs de minéraux torturés, ses ciels immenses toujours bleus, ses nuits étoilées avec la lune qui nous sourit (comme le sourire du chat dans le film Alice aux Pays des Merveilles), les strates ondulantes des quebradas sauvages aux multiples couleurs, la magnifique chaîne des 7 couleurs, la beauté de Salta, les ruines Inca, les cactus Cardones, les chevaux, les gauchos, toute cette ambiance de western avec ces étendues inhabitées et ces villages perdus et toujours accueillants. Nous nous sommes toujours sentis bien, en complète sécurité, regardés mais pas épiés. Nous n’oublierons pas les pistes poussiéreuses vertigineuses, la cordillère si proche aux sommets enneigés qui culminent à 6 000 m, et le sourire sur les visages métissés, qui rappelle les profils de ces indiens qui ont tant résisté  aux envahisseurs espagnols.

Depuis le début de l’argentine, nous avons croisé des tas de voitures très intéressantes et en grand nombre : R12, R6, Dauphine, quelques 2CV et 3CV, des 404 et 504, des voitures américaines des années 60 et 70, des Ford Cortina, des Chevrolet en tous genre, et des pick-up Ford, GMC, Dodge ou Chevrolet. Le point commun de tous ces véhicules, c’est l’état : rouillé, cabossé, défoncé. Nous avons pu constater un nouvel art de tunning : le puzzling. Prenez une carcasse vert foncé par exemple, ajoutez une porte chauffeur bleue, une aile avant gauche rouge, et un arceau de la couleur que vous voulez et surtout ne pas mettre d’aile avant droite. Il vous reste à attacher le capot avec des cordes de couleur (des ficelles peuvent faire l’affaire) et de jeter dans l’habitacle, des bouteilles en plastique, des papiers et documentations, et tout ce qui vous parait nécessaire à la route. Le must c’est quand même quatre jantes différentes, mais c’est comme vous pouvez, ne rentrez pas dans des frais trop importants. Nous terminons par les accessoires : les pneus lisses, plus adaptés aux circuits de Formule 1 qu’aux chemins en terre. Les pistes étant très cassantes, et les voitures étant très éprouvées et vieilles, nous pensons que les mécaniciens et les carrossiers sont de grands virtuoses, travaillant à même le trottoir, très souvent sans fosse, les cabines de peinture étant installées à l’air libre, sur le côté du hangar. Toutes ces voitures françaises sont les témoins de notre présence avant l’invasion japonaise. Les vieux pneus servent à tout, du moment où ils sont peints en blanc : bordures de routes et de jardins, publicité et enseignes au bord de la route, allées de sanctuaire, etc... Parfois, deux pneus, un posé par terre et un autre debout à l’intérieur de l’autre, désignent le chemin privé avec le nom de la maison peint sur le pneu couché. Une fois, nous avons vu un rebelle, un professionnel, qui avait peint d’énormes pneus de camion en vert fluo !!!!

Pause sandwich à la Difunta Correa. D’après la légende, pendant les guerres civiles de 1840, Deolinda Correa a suivit son mari malade et enrôlé dans un bataillon, à pied à travers les déserts de San Juan. La faim, la soif et la fatigue ont eu raison d’elle, et lorsqu’on retrouva son cadavre, on découvrit son bébé qui tétait encore le sein de sa mère morte. Depuis les années 1940, un sanctuaire, au début une simple croix plantée au sommet d’une colline, est devenu un petit village, avec ses 17 chapelles, où les pèlerins déposent leurs offrandes :
des plaques d’immatriculation, des capots, des pièces et des clefs de voiture, car elle protège les routiers et les voyageurs,
quantité de maquettes de maisons, de photos et des clefs de maison, pour qu’elle protège la famille,
mais aussi des cheveux, des souliers et des tétines de bébé, des plâtres, des enseignes de magasins, des photos d’enfants, de mariages, de couples, de familles, des coupes et des médailles.
Pour la remercier de ses bienfaits ou lui en demander d’autres, ils lui apportent de l’eau pour épancher sa soif, et des barres de céréales pour sa faim. Des milliers de plaques commémoratives ou de simples mots sont fixés ou punaisés. Autour de la croix, des milliers de bougies ont noirci la pierre et les marches tout autour, des milliers de rubans rouges de remerciements, et d'innombrables statues représentent cette femme morte en robe rouge, avec un bébé tétant un énorme sein. Nous croisons des couples, des familles, des enfants, avec des bouteilles d’eau, qui montent jusqu’au sanctuaire. Derrière, des milliers de bouteilles en plastique, qu’on essaye de compacter vu la quantité. Renié par l’église catholique, il y a quand même une messe ce dimanche. Impressionnant, nous lisons les remerciements, nous regardons ces photos, et ces plaques avec stupéfaction, et un sincère respect pour tous ces pèlerins.
Nous nous rappelons ces petits autels au bord de la route, avec ces dizaines de bouteilles plastique devant, et l’inscription au dos des camions «Grazias Difunta Correa».
A Pâques, le 1er mai et à Noël, 200 000 personnes effectuent le pèlerinage dans ce minuscule village. Des aires de pique-nique sont aménagés avec leurs braseros, des grands parking, aujourd’hui vides, Difficile d’imaginer cette intendance,

Depuis la région des parcs, nous sommes très souvent arrêtés pour des contrôles sanitaires, où l’on nous demande si nous avons des fruits et des légumes. Et aujourd’hui avant d’arriver à Difunta Correa, nous avons eu le même contrôle, le préposé a même voulu regarder dans notre pick-up. Puis après avoir payé 4 pesos, la route nous a amené à une grille devant un panneau «Desinfeccion» où un liquide a jaillit pour mouiller/laver les roues de notre véhicule. Encore un autre contrôle en arrivant dans la région de Mendoza, pour contrôler «la variété des plantes». Si quelqu’un peut nous expliquer, on est preneur !!!

Arrivé à Mendoza, nous sommes accueillis à notre B&B, la ville nous fait un peu peur, ce soir restaurant sur la San Martin et demain balade matinale dans le fameux parc Aconcagua, mais comme vous le savez, cela sera une autre histoire.