Sawat-dii khâ,
Nous sommes très bien accueillis dans un village Yao, un peuple chinois du Guangdong (au sud de la Chine), arrivé ici il y a environ 80 ans. Seules les femmes âgées portent encore l’habit traditionnel. Une femme à l’écart, tresse des fibres de paille pour recouvrir les toitures. Plus loin, le métier à tisser fonctionne encore et deux femmes fabriquent des étoles à l’ancienne. Les enfants sont à l’école (obligatoire et mixte avec des thaïs). Les femmes avaient beaucoup d’enfants, une dizaine en moyenne, mais la mortalité enfantine était très élevée dans ces zones reculées, près de 50%. Aujourd’hui les femmes n’ont que deux ou trois enfants, le planning familial est passé par ici. Les jeunes générations parlent thaï alors que les anciens parlent le mandarin. Les maisons sont à hauteur de terre et non comme les thais sur pilotis. Des lampions rouges sont accrochés, un reste de décoration du nouvel an chinois. L’hévéa est la culture principale. Des amaryllis poussent dans le fossé, les cochons noirs se promènent devant nous.
Nous continuons la route pour Mae Salong. En chemin nous dégustons un ananas sur la bord de la route. C’est la pleine saison et ils sont juteux et très sucrés.
Au sommet d’une colline, nous arrivons à un village d’anciens militaires chinois du Kuomintang. Ce peuple, fidèle au mouvement nationaliste, a fuit devant les troupes de Mao. Une partie s’installe à Taiwan, pendant qu’une autre partie de l’armée vaincue passe en Birmanie. Mais le communisme les rattrape encore. La Thaïlande les accueille alors et leur donne du terrain. En contrepartie, ils doivent garder la frontière avec le Laos, qui est aussi devenu communiste et agressif aux frontières. Pour vivre, ils cultivaient du pavot et ont mis leur art de la guerre au service des trafiquants de drogue. Mais, depuis Taiwan, les anciens chinois du Kuomintang ne les ont pas oubliés, et les aident à transformer la culture interdite en production de thé. Ils produisent maintenant, un thé de très bonne qualité qu’ils exportent pour la majorité.
En arrivant dans le village, nous en dégustons cinq sortes avec des saveurs délicieuses, Viviane et Denis testent les chenilles de bambou frites, appréciées à l’apéritif ici et pas du tout appréciées par les goûteurs...
Les plantations de thé rayent les collines, les champs d’ananas, de litchis et de bananiers témoignent du travail des chinois pour défricher ces montagnes. Les champs marrons de l’autre côté de la vallée sont d’anciennes plantations de pavot qui attendent l’irrigation pour pouvoir recevoir du thé. D’autres champs, brulés et labourés à la main vue les pentes, sont prêts pour la mousson qui permettra au maïs et au riz gluant de pousser.
Nous rejoignons Mae Sai, à la frontière Birmane, où les birmans viennent en Thaïlande acheter des produits introuvables chez eux et où les Thaïs vont en Birmanie pour acheter les produits moins chers. Aujourd’hui, la Birmanie a facilité un peu les formalités de visas pour les thaïs. 10 états du sud-est asiatique se sont regroupés dans une association visant à favoriser les échanges, la Thaïlande, le Laos et la Birmanie en font partie : l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_des_nations_de_l%27Asie_du_Sud-Est)
Les véhicules birmans passent la frontière à vide et repartent pleins. Après cette ville au marché bouillonnant, nous arrivons au Triangle d’or, endroit où la rivière Ruak se jette dans le Mékong. La Ruak sépare la Thaïlande de la Birmanie, et le Mékong, la Birmanie du Laos. C’est ici qu’avait lieu la plus grande partie du trafic d’opium, or noir échangé souvent contre de l’or pur. Nous embrassons les trois pays d’un seul coup d’oeil, avec le Mékong, majestueux au milieu. Ses eaux permettent aux navires chinois de venir commercer jusqu’ici en remontant les 265 km qui séparent l’empire du milieu du triangle d’or. Un navire militaire chinois assure même leur sécurité. Nous embarquons sur un «longue queue», pour une prise de contact rapide avec ce fleuve qui va nous accompagner pendant quelques temps. Un village de pêcheurs aux cabanes rudimentaires côtoie des casinos tout neufs et une zone franche au devenir certain. Le fleuve est très poissonneux, des poissons chats de 300 kg vivent ici mesurant plus de trois mètres de long...
Nous dormons à Chiang Khong, le long du Mékong. De l’autre côté de la rive, les lumières du Laos brillent, demain nous n’aurons qu’à traverser un pont pour quitter la Thaïlande.
Pendant ces treize jours, nous avons beaucoup apprécié ce pays, une étonnante variété de paysages, des valeurs traditionnelles, une religion fascinante, un goût de l’harmonie et de la subtilité, les massages traditionnels et la langue et ses différents tons qui la rythment. La cuisine Thaï est un concentré de son pays, des goûts variés et des saveurs sucré-salé qui ravissent le palais, un raffinement du goût. Nous avons bien pensé à notre nouvelle voisine, Bô, son pays et ses habitants nous ont charmé.
Lah-gone
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