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Notre voyage a commencé le 28 juillet 2011 et s'est terminé un an plus tard, le 28 juillet 2012.
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vendredi 27 juillet 2012

Soweto - Afrique du Sud

J - 1

Dumela,

Nous ne voulons pas quitter l’Afrique du Sud sans approcher son histoire. Nous visitons Soweto -1,7 millions d’habitants- où encore maintenant, aucun blanc n’habite. Notre guide est né dans ce quartier et y vit. So.we.to veut dire Southern Western Township -Bidonville sud-ouest.

Nous passons devant les deux tours emblématiques de l’ancienne centrale thermique de charbon qui a fonctionné de 1933 à 1986, produisant l’électricité pour Johannesburg, alors que Soweto n’était pas encore électrifié. C’est seulement tout dernièrement, de 1970 à 1980 que la fée électrique est arrivée pour les blacks. Les élèves de l’école des arts ont transformé ces tours polluantes en oeuvres artistiques mettant en valeur les symboles de l’Afrique du Sud dont le visage de Mandela.


En 1904, le quartier Coolie, très proche du centre ville, regroupait toutes les races, jaune, noir, indien et métis. Le gouvernement a profité de l’épidémie de la peste bubonique pour le bruler. Les terrains devenus libres sont alors attribués aux blancs pour construire des maisons confortables.
Chaque race a été regroupée dans des quartiers périphériques du centre ville obligeant les infortunés à marcher très longtemps pour aller travailler ou pour faire leurs courses.
Les Noirs ont été expulsés à Olando Nord -premier quartier de Soweto, à plus de 15 km du centre. Le coût du transport public était très important et en regardant les trottoirs, nous imaginons la file ininterrompue d’hommes, de femmes et d’enfants.
Nous découvrons les premières petites maisons qui ont été construites pour loger les familles noires. Devant un carrefour, une maison en tôle ondulée est en vente en pièces détachées. Elle peut être montée en une seule journée dans le fond d’un jardinet. Sans aucune isolation, elles sont inconfortables en hiver et par les fortes chaleurs de l’été.
Nous longeons les fameux «hôtels», véritables masures, attribués aux travailleurs étrangers, de Mozambique, de Luganda, et de Zimbabwe entre autres. Des femmes vont chercher de l’eau à un robinet raccordé au bord de la route.

L'hôpital de Soweto peut accueillir 3 500 lits et était le plus grand du monde à sa construction.

Le musée Hector Pieterson est notre première visite. À 13 ans, ce jeune collégien a été le premier tué pendant les manifestations qui ont débutées le 16 juin 1976 où 600 jeunes noirs ont été massacrés par la police en six mois. Des plaques portent leurs noms et jonchent le sol d’une sorte de cimetière. Certaines sont anonymes et mentionnent unknown -inconnus-. Le gouvernement, afin de les opprimer davantage, a interdit l’anglais dans les écoles, privilégiant l’Afrikaner, la langue des blancs. Mais ni les professeurs ni les enfants ne la connaissent et ne veulent oublier l’anglais, qui leur permettra de travailler et de s’ouvrir sur le Monde. La soeur de H. Pieterson encaisse nos billets d’entrée. Nous la reconnaissons sur toutes les photos à côté du corps inanimé de son petit frère.

Des images de l’époque sont exposées et témoignent de cette tragédie nationale.
Sur le premier poster, des collégiens noirs manifestent dans la rue pour réclamer l’annulation de cette injustice. On remarque leurs visages juvéniles, ils portent leur uniforme d’école, ils sont sages et souriants, alignés en file. On dirait qu’ils se rendent simplement à leurs cours.

Une autre photo montre ces mêmes jeunes, révoltés, courant dans la rue, les yeux apeurés, les vêtements déchirés. Les premières arrestations ont eu lieu, les premières balles ont été tirées. La peur s’installe.
Puis, une succession de photos de manifestations pacifistes où les hommes lèvent leur main en signe de paix. Leurs panneaux assurent «Ne tirez pas» «Nous ne sommes pas là pour nous battre» «Relâchez nos camarades» «To hell with Africkaans»

Le scénario est toujours le même dans tous les pays où l’horreur s’installe : l’arrêt de l’éducation, le regroupement dans des ghettos, les papiers d’identité invalidants et restreignant la circulation, les arrestations, les tortures et les exécutions.
Les films d’époque sont bouleversants. L’horreur et l’injustice nous font monter les larmes aux yeux. Comment peut-on tirer sur un jeune enfant d’à peine une dizaine d’années, qui revient chez lui avec un litre de lait ? Comment peut-on torturer et exécuter le même jour les cinq frères ? Comment peut-on entrer dans une école primaire pour arrêter des enfants ?
Nous repensons à notre histoire et aux horreurs des SS, nous pensons à tous ces pays que nous avons traversé, comme le Cambodge, où les Hommes ont été parqués et tués comme des animaux. Que réclamer de plus, que la Paix sur la Terre pour tous les Hommes ?!

À l’extérieur le mémorial est simple et émouvant.
Nous traversons les rues tranquilles où ces tragédies ont été perpétrées. Des sculptures remémorent ces années meurtrières. Maintenant, on entretient des jardinets devant les maisons, on s’installe sur des chaises au soleil, on discute entre voisins et amis.

L'Apartheid s’est installé très rapidement par une Loi en 1947 et c’est dans son musée que nous le revivons.

Nos billets d’entrée précisent aléatoirement que nous sommes blancs ou non-blancs.
Viviane et Denis sont blancs. Camille et moi sommes non-blancs et nous devons emprunter les portes et les couloirs qui nous sont réservés, plus bas et plus loin derrière des grilles.



Des photos témoignent des jours heureux des nantis blancs jouant au tennis ou déjeunant sur des terrasses arborées pendant que les noirs sont expulsés de leur maison pour être installés de force à Soweto, dans l’indifférence totale et sous escorte musclée. Des taxis, des bancs, des trams, des plages sont réservées à l’élite blanche de la nation.

Puis, nous visitons la maison de Nelson Mandela. Une maison typique où sa première femme a milité. Sur les murs, nous pouvons lire les mots de ses enfants décrivant la petitesse de ce logement pour une famille nombreuse. La deuxième femme de Madiba, Winnie, a été emprisonnée, torturée pendant des années pour enfin être confinée dans sa propre maison. Mandela fût emprisonné à Robben Island quelques années plus tard pendant 19 ans.

En 1994, le gouvernement promet des logements décents pour tous, mais actuellement encore, beaucoup de familles attendent une maison et sont obligées de s’installer dans les bidonvilles surpeuplés et insalubres.

Le stade de foot où a eu lieu la coupe du monde en 2010, est un superbe bâtiment rouge ovale qui peut accueillir 90 000 personnes.

Nous revenons sur Johannesburg, où les terrils encadrent la ville et où les galeries souterraines la sillonnent sur 1 600 km. Le sous-sol étant tellement creusé, il est presque impossible de construire des fondations d’immeubles ou de prévoir des lignes de métro.

Nous rentrons dans l’aéroport de Johannesburg, pour notre avant dernier avion, direction Londres, à 19 h. Un problème de billet nous oblige à attendre une bonne heure, comme si nous ne devions pas partir, comme si nous ne devions pas rentrer. L’incident est résolu et c’est en courant que nous devons nous rendre à notre Gate.

Plus beaucoup de conversation entre nous, chacun est dans ses souvenirs et sa prochaine rentrée.

Le vol de nuit est bien sûr pénible et fatiguant. Nous arrivons à 5 h du mat à Londres, où les J.O. donnent une ambiance particulière à Heathrow.

Demain, retour à la maison, mais cela sera une toute autre histoire.


Tsamaya sentle

Publié à St Just le 12 août.

Nous commençons à publier les photos de ces derniers jours et nous vous préparons des vidéos. Merci d'être patient et de continuer à nous suivre.



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