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Notre voyage a commencé le 28 juillet 2011 et s'est terminé un an plus tard, le 28 juillet 2012.
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samedi 4 février 2012

Train de nuit de jour - Inde

Je ne résiste pas à vous raconter «en live» ce que nous vivons. Hier, samedi, nous avons attendu dans le lobby de notre hôtel, l’heure de transfert pour notre train de nuit, direction Varanasi. Le directeur nous a gentiment prêté une chambre où les filles ont pu dormir et nous avons pu, vous l’avez certainement vu, mettre à jour, notre blog. Mais à l’heure dite, 22 heures,  le chauffeur nous informe qu’il ne nous emmène pas à la gare, car il n’y a pas de train ! Pourquoi ? Ca nous ne l’avons pas compris. Par chance, une chambre était encore libre et nous avons bien dormi.

Départ 6 h pour une heure de route. La brume remplie de pollution nous irrite la gorge. La ville est déjà réveillée même s’il fait encore nuit. Très peu d’éclairage public. Beaucoup de voitures et de camions sans lumière. Les vendeurs ambulants se rendent déjà sur les sites touristiques poussant des charrettes à bras sur la route, sans éclairage. Les hommes se réchauffent devant un feu de camp. A même le trottoir et sous des toiles tendues à des barrières, des femmes s’activent autour d’un semblant de foyer. Des singes à l’assaut d’une maison, sont repoussés à grand renfort de cris. Et toujours des formes humaines sous des couvertures à même le trottoir ! Un million et demi d’habitants pour la seule ville d’Agra, et nous n’avons vu aucun immeuble. L’Inde est une fourmilière!

Nous voilà dans le train pour huit heures de trajet ! C’est le train d’hier au soir, un train couchette, même si c’est le jour ! Je maudis la personne ou le système informatique qui nous a attribué des places de couloir l’un derrière l’autre, alors qu’il y a des banquettes qui se font front et permettent d’avoir un semblant d'intimité. Nos chaussures sont sur nos lits, il n’y a pas de place, le couloir est trop étroit ! Hier au soir, on nous a déjà prévenu, le train a beaucoup de retard, parfois quatre heures supplémentaires ! Les gares sont bondées, il faut attendre, attendre encore pour laisser passer un autre train, attendre de nouveau pour que les personnes sortent des voies !

Cette ligne de train est très fréquentée, Varanasi est un lieu de pèlerinage important, peut être le plus important d’Inde. Le fleuve, Le Gange, doit recueillir les cendres des crémations. Certaines familles, après un décès, délègue un de ses membres, pour jeter une petite partie des cendres du défunt, dans le Gange, à Varanasi au mieux.

Les couchettes ne sont seulement que de douteux sièges allongés, et un rideau sale et déchiré procure un tout relatif semblant d’intimité. On nous propose des draps repassés et des couvertures. Les filles décident de se coucher et dorment malgré les arrêts fréquents, les secousses dignes d’un voyage en chameau et du bruit environnant. Nous deux, nous préférons rester assis même si le siège est très dur. Une odeur de (je ne veux pas savoir) des vitres et des parois crasseuses, le voisin qui se racle la gorge et le nez, une seconde classe en Inde est toute une histoire !

A la gare, des porteurs sont venus pour nos bagages qu’ils ont porté sur leurs têtes, avec toujours le sourire et la gentillesse propres aux indiens. Ils demandent aux filles si Denis est leur père. C’est une question qui revient souvent. Ils imaginent donc qu’il pourrait être leur mari ! Et puis la question qui arrive tout de suite après : Est-ce que Viviane est mariée ? Quand elle répond non, soit ils éclatent de rire, soit ils la regardent très étonnés, l’air grave. Les indiennes à son âge sont déjà mariées depuis longtemps. Une autre question nous est aussi souvent posée : Avons-nous, en plus de nos deux filles, un garçon ? A la réponse négative, leurs visages se ferment et ils ne nous disent plus rien !

Dans le couloir, passent en hurlant, des vendeurs de boissons gazeuses, des vendeurs de thé qu’ils servent avec du lait, et là à l’instant, des policiers, fusils dans le dos. La guerre avec le Pakistan a renforcé les contrôles. Dans tous les sites touristiques, nous sommes fouillés et nous passons sous un arceau de sécurité. Les militaires sont partout avec leurs fusils.

Sur les quais, mendiants, travailleurs, porteurs, femmes frigorifiées en sari, enfants enroulés dans des couvertures. Les passagers descendent avant l’arrêt complet du train. Un homme, au milieu du quai, assis en tailleur, torse nu, avec seulement un tissu jaune autour des hanches, finit sa toilette et lisse sa longue barbe méticuleusement, un prêtre surement. Des dizaines de personnes transportent, sur leur tête, d’énormes sacs (céréales ou ciment) d’un déchargement. Une intouchable balaie le quai et envoie les tas dans la voie. Des centaines de petits oiseaux, de pigeons et de corbeaux viennent picorer entre les rails. Les petits écureuils que nous avons déjà tant vus, essaient de les précéder. Un homme porte une personne âgée, ici pas de fauteuils roulants, pas de caddies. Un monsieur armé d’une énorme clef à molette et d’une masse passe dans les voies et ...vérifie les boulons.

Le long de la voie, sur des mètres et des mètres, poubelles, sacs, détritus, où enfants, adultes et animaux fouillent les pieds dedans. Les sacs plastiques sont malheureusement nombreux, mangés par les animaux. De longues files d’attente aux passages à niveaux charrettes, voitures, camions...qui commencent à avancer même si le train n’est pas complètement passé. Le train klaxonne tout le temps, comme les voitures sur la route. Des hommes sont sur la voie, certains couchés entre les rails. Nous nous arrêtons le long d’un bidonville, des nuées d’enfants de tous âges jouent avec le train de marchandise à côté de nous, qui roule au ralenti et ils s’amusent à sauter depuis un poteau sur les wagons et ressauter sur le balast en gros cailloux, le tout pieds nus, bien sur, le plus petit est aidé par ses frères, il doit avoir 5 ans...

La campagne est verte, cultivée, bien entretenue. Une file indienne (facile !) d’enfants, tee shirts de couleur, se faufilent entre les champs. Des galettes de bouses sèchent au soleil. Toujours des femmes en sari avec leur charge sur la tête. Des hérons et d’autres échassiers sont dans les voies d’irrigation. Aujourd’hui dimanche, beaucoup d’enfants se promènent, certains jouent au cerf-volant ou à un semblant de criquet, d’autres emmènent la vache ou les chèvres, certains portent des briques. Les maisons sont en briques, rarement terminées, composées de cours intérieures. Peu de pièces fermées, tout se fait dehors.

Le soleil commence à se coucher, c’est l’heure de rentrer des champs, Femmes et enfants parcourent de grandes distances avec leur charge sur la tête. Ce que nous avons vu depuis notre fenêtre est indescriptible. Même si en France, les bords d’une voie ferrée ne sont pas valorisés, mais là, c’est ....! Les enfants à moitié dévêtus ou travaillant. Les maisons entourées de saletés, d’immondices, qui viennent surement des trains. La misère des petits gens.

Nous arrivons à Varanasi, à 19 h, soit 11 heures de trajet, et 12 heures de retard !!!

Demain, visite des ghâts, mais cela sera une autre histoire.

Tata

2 commentaires:

QBSTJM a dit…

je suis fascinée par votre récit , on n'hésite en permanence , toute la déclinaison des sentiments est là .
plein de bises
Hervé et Valérie

QBSTJM a dit…

jolie coquille...j'ai oublié de sortir du voyage ....val