Tchom Reap Sour,
Une longue barque nous attend à 8 h ce matin, pour quitter Battanbang, par voie fluviale. Les maisons sur pilotis apparaissent dans tout leur dénuement, un spectacle désolant. Tout est jeté dans la rivière, alors qu’elle leur apporte la nourriture, l’eau pour boire et se laver. Mais leur préoccupation est autre. Ils ne reçoivent aucune aide de l’état, et doivent vivre au jour le jour.
Les mêmes sourires éclairent ces vies misérables. A cette heure-ci tout le monde vague à ses occupations : laver le linge ou les casseroles, revenir de la pêche et trier le poisson, arroser les cultures (quand on a la chance d’avoir un petit potager), se laver, etc...
Il nous faudra 8 heures pour relier le village flottant dans lequel nous dormirons ce soir, au début du Lac Tonlé Sap. Le paysage change un peu, les berges ne sont pas toujours habitées, la rivière fait des méandres, l’eau est toujours marron.
Nous déjeunons dans un restaurant flottant pendant que notre capitaine se repose dans le hamac de son bateau. Ici il est omniprésent, il est utilisé à l’extérieur pour les siestes mais aussi à l’intérieur des maisons, pour les nuits. Les bébés y sont bercés énergiquement soit à la main, soit à l’aide d’une ficelle. Il est pratique et frais.
Nous traversons de nombreux villages flottants. Certains possèdent une école tout en haut sur la berge, d’autres, une simple cabane sur pilotis, au plancher disjoint, et dans d’autres, des écoles flottantes. Les écoliers arrivent par barque, chemise blanche (presque blanche) et jupe ou pantalon bleu marine. C’est une bénédiction ces uniformes, ils nivèlent, tous les enfants se ressemblent.
Nous voilà arrivés, mais avant de débarquer chez nos hôtes, nous allons rendre visite ...à des crocodiles. Ils étaient nombreux avant, dans ce lac, mais ils ont été tous (presque dira le guide) tués. L’habitude a été gardée de les élever pour les vendre, soit tout petit, soit plus gros, à des Chinois, des Thaïlandais, Vietnamiens, Indonésiens et Malaysiens. Les propriétaires ne connaissent pas le sort qui leur est réservé ! Sur la berge, des enclos très très sommaires ont été fabriqués avec des bouts de bois et de ficelle, pour garder ces monstres. Ils sont gris et se ventilent en gardant la bouche ouverte. Nous n’en avions jamais vu d’aussi près. Ils peuvent être cinquante ou soixante dans un seul enclos. C’est effrayant, mais c’est une véritable richesse pour les propriétaires. Les gros sont vendus 300 $ et les petits qui viennent de naître 20 $, une fortune ici.
Puis nous reprenons la barque pour notre maison d’un soir. La famille est composée du couple de parent, âgés d’une petite soixantaine d’années, et de leur fille avec ses deux enfants (3 et 1 ans). Nos couchages sur nattes et sous moustiquaires, sont préparés dans la salle commune, notre guide dormant à côté de nous. La maison est très très simple mais propre et bien entretenue. Nous allons nous doucher, dans un WC-douche, à l’abri derrière des tôles ondulées. On a pris l’habitude : un grand seau et une grande louche, et nous voilà propre. L’eau coule à travers le plancher disjoint pour rejoindre le lac, autant pour la douche que pour les WC. Pour le repas, il suffit de dérouler une toile cirée à même le sol et on pose les plats. Nous posons beaucoup de questions sur leur vie et le mari nous en posent aussi, curieux et intéressé. Nous lui montrons des photos de notre lac, des pontons, des montagnes, de la neige. Les voisins arrivent et la regardent avec stupeur, ils rient quand on annonce nos températures hivernales. Nous aussi on regarde la neige et on essaye de se rafraîchir avec nos éventails, il a fait 35° à l’ombre aujourd’hui. Le soleil a disparu et l’air est toujours aussi chaud. Il est 20 h quand nous nous couchons, pas ou peu d’électricité oblige. On se souhaite «rétréi soustéi» bonne nuit.
Nous avons très bien dormi, et il est 6 h 30 quand nous reprenons notre bateau, en direction de Siem Reap à 2 heures de trajet.
Le lac est très grand, comme une petite mer. Les pêcheurs sont penchés sur leurs lourds filets. Ce lac joue un rôle très important pour le Cambodge, évitant au pays des inondations comme en Thaïlande. A la saison des pluies, le Mékong se gonfle des eaux qui se déversent tout au long de son cours, arrive à Phnom Penh, rencontre le fleuve qui sert de déversoir du lac Tonlé Sap (dont le niveau est beaucoup plus bas). Naturellement une partie du Mékong va remonter ce fleuve et venir remplir le lac, le courant dans le fleuve s’inverse à ce moment-là. Le lac va tripler de surface en 4 mois, les méandres que nous avons traversés hier n’existent plus, les maisons sur les berges sont démontées, l’eau monte de 7 à 8 mètres par rapport à son niveau le plus bas en Avril. Toute la vie que nous voyons sur terre est sous marine pendant 6 mois, le village où nous dormons déplace ses maisons d‘une centaine de mètres, des stocks de bois sont entreposés à 5 mètres dans les arbres. Certains autres villages flottants se déplacent de plus de 5 km sur les rives. Le lac est très peu profond, 3 à 4 mètres en saison sèche et 11m en saison des pluies. Beaucoup d’alluvions du Mékong viennent s’y déposer chaque année et l’Unesco prévoit qu'il sera rempli d’ici quelques centaines d’années, qu'adviendra-t-il du Cambodge alors ? Sera-t-il noyé pendant 6 mois ? Les experts ont le droit de se tromper.
Nous débarquons à Siem Reap, nous ressentons tout de suite la ville touristique, les aménagements, les touristes, les magasins.
Sur la route, un horticulteur cultive des lotus, sur des hectares.
La ville nous apparaît tout de suite, agréable, urbanisée, vivante avec ses commerces et ses hôtels, la circulation parait moins dense qu’à Phnom Penh.
Nous nous rendons aux Artisans d’Angkor, où une ONG dispense des cours de sculpture, de peinture sur soie à des sourds-muets, de peinture, de laque, de tissage de soie. Et enfin, nous nous rendons sur le site d’Angkor. Nous prenons un pass pour quelques jours, car nous reviendrons quatre fois. On nous photographie pour notre badge, la commercialisation est structurée et privée, l’état a délégué son travail, afin de recevoir plus d’argent que s’il le faisait lui même. La corruption omniprésente.
Le site est immense et il faut se déplacer en voiture. Nous nous approchons du célèbre Angkor Wat ...
La suite au prochain épisode, mais ce soir il faut préparer nos affaires car demain, trek et nuit dans une pagode, hébergés par des moines, mais cela sera, Angkor, une autre histoire.
Lea Sen Heuy
Nos photos sur la galerie, http://crazyappfactory.com/worldwide/index.php et choisissez le jour désiré.
Une longue barque nous attend à 8 h ce matin, pour quitter Battanbang, par voie fluviale. Les maisons sur pilotis apparaissent dans tout leur dénuement, un spectacle désolant. Tout est jeté dans la rivière, alors qu’elle leur apporte la nourriture, l’eau pour boire et se laver. Mais leur préoccupation est autre. Ils ne reçoivent aucune aide de l’état, et doivent vivre au jour le jour.
Les mêmes sourires éclairent ces vies misérables. A cette heure-ci tout le monde vague à ses occupations : laver le linge ou les casseroles, revenir de la pêche et trier le poisson, arroser les cultures (quand on a la chance d’avoir un petit potager), se laver, etc...
Il nous faudra 8 heures pour relier le village flottant dans lequel nous dormirons ce soir, au début du Lac Tonlé Sap. Le paysage change un peu, les berges ne sont pas toujours habitées, la rivière fait des méandres, l’eau est toujours marron.
Nous déjeunons dans un restaurant flottant pendant que notre capitaine se repose dans le hamac de son bateau. Ici il est omniprésent, il est utilisé à l’extérieur pour les siestes mais aussi à l’intérieur des maisons, pour les nuits. Les bébés y sont bercés énergiquement soit à la main, soit à l’aide d’une ficelle. Il est pratique et frais.
Nous traversons de nombreux villages flottants. Certains possèdent une école tout en haut sur la berge, d’autres, une simple cabane sur pilotis, au plancher disjoint, et dans d’autres, des écoles flottantes. Les écoliers arrivent par barque, chemise blanche (presque blanche) et jupe ou pantalon bleu marine. C’est une bénédiction ces uniformes, ils nivèlent, tous les enfants se ressemblent.
Nous voilà arrivés, mais avant de débarquer chez nos hôtes, nous allons rendre visite ...à des crocodiles. Ils étaient nombreux avant, dans ce lac, mais ils ont été tous (presque dira le guide) tués. L’habitude a été gardée de les élever pour les vendre, soit tout petit, soit plus gros, à des Chinois, des Thaïlandais, Vietnamiens, Indonésiens et Malaysiens. Les propriétaires ne connaissent pas le sort qui leur est réservé ! Sur la berge, des enclos très très sommaires ont été fabriqués avec des bouts de bois et de ficelle, pour garder ces monstres. Ils sont gris et se ventilent en gardant la bouche ouverte. Nous n’en avions jamais vu d’aussi près. Ils peuvent être cinquante ou soixante dans un seul enclos. C’est effrayant, mais c’est une véritable richesse pour les propriétaires. Les gros sont vendus 300 $ et les petits qui viennent de naître 20 $, une fortune ici.
Puis nous reprenons la barque pour notre maison d’un soir. La famille est composée du couple de parent, âgés d’une petite soixantaine d’années, et de leur fille avec ses deux enfants (3 et 1 ans). Nos couchages sur nattes et sous moustiquaires, sont préparés dans la salle commune, notre guide dormant à côté de nous. La maison est très très simple mais propre et bien entretenue. Nous allons nous doucher, dans un WC-douche, à l’abri derrière des tôles ondulées. On a pris l’habitude : un grand seau et une grande louche, et nous voilà propre. L’eau coule à travers le plancher disjoint pour rejoindre le lac, autant pour la douche que pour les WC. Pour le repas, il suffit de dérouler une toile cirée à même le sol et on pose les plats. Nous posons beaucoup de questions sur leur vie et le mari nous en posent aussi, curieux et intéressé. Nous lui montrons des photos de notre lac, des pontons, des montagnes, de la neige. Les voisins arrivent et la regardent avec stupeur, ils rient quand on annonce nos températures hivernales. Nous aussi on regarde la neige et on essaye de se rafraîchir avec nos éventails, il a fait 35° à l’ombre aujourd’hui. Le soleil a disparu et l’air est toujours aussi chaud. Il est 20 h quand nous nous couchons, pas ou peu d’électricité oblige. On se souhaite «rétréi soustéi» bonne nuit.
Nous avons très bien dormi, et il est 6 h 30 quand nous reprenons notre bateau, en direction de Siem Reap à 2 heures de trajet.
Le lac est très grand, comme une petite mer. Les pêcheurs sont penchés sur leurs lourds filets. Ce lac joue un rôle très important pour le Cambodge, évitant au pays des inondations comme en Thaïlande. A la saison des pluies, le Mékong se gonfle des eaux qui se déversent tout au long de son cours, arrive à Phnom Penh, rencontre le fleuve qui sert de déversoir du lac Tonlé Sap (dont le niveau est beaucoup plus bas). Naturellement une partie du Mékong va remonter ce fleuve et venir remplir le lac, le courant dans le fleuve s’inverse à ce moment-là. Le lac va tripler de surface en 4 mois, les méandres que nous avons traversés hier n’existent plus, les maisons sur les berges sont démontées, l’eau monte de 7 à 8 mètres par rapport à son niveau le plus bas en Avril. Toute la vie que nous voyons sur terre est sous marine pendant 6 mois, le village où nous dormons déplace ses maisons d‘une centaine de mètres, des stocks de bois sont entreposés à 5 mètres dans les arbres. Certains autres villages flottants se déplacent de plus de 5 km sur les rives. Le lac est très peu profond, 3 à 4 mètres en saison sèche et 11m en saison des pluies. Beaucoup d’alluvions du Mékong viennent s’y déposer chaque année et l’Unesco prévoit qu'il sera rempli d’ici quelques centaines d’années, qu'adviendra-t-il du Cambodge alors ? Sera-t-il noyé pendant 6 mois ? Les experts ont le droit de se tromper.
Nous débarquons à Siem Reap, nous ressentons tout de suite la ville touristique, les aménagements, les touristes, les magasins.
Sur la route, un horticulteur cultive des lotus, sur des hectares.
La ville nous apparaît tout de suite, agréable, urbanisée, vivante avec ses commerces et ses hôtels, la circulation parait moins dense qu’à Phnom Penh.
Nous nous rendons aux Artisans d’Angkor, où une ONG dispense des cours de sculpture, de peinture sur soie à des sourds-muets, de peinture, de laque, de tissage de soie. Et enfin, nous nous rendons sur le site d’Angkor. Nous prenons un pass pour quelques jours, car nous reviendrons quatre fois. On nous photographie pour notre badge, la commercialisation est structurée et privée, l’état a délégué son travail, afin de recevoir plus d’argent que s’il le faisait lui même. La corruption omniprésente.
Le site est immense et il faut se déplacer en voiture. Nous nous approchons du célèbre Angkor Wat ...
La suite au prochain épisode, mais ce soir il faut préparer nos affaires car demain, trek et nuit dans une pagode, hébergés par des moines, mais cela sera, Angkor, une autre histoire.
Lea Sen Heuy
Nos photos sur la galerie, http://crazyappfactory.com/worldwide/index.php et choisissez le jour désiré.
1 commentaire:
Les Toulemonde, les Courtois et les Ougiers en vacances ensemble en Autriche! On est sur votre blog et on pense à vous. Continuez comme ça. Bises et bonne suite.
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