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Notre voyage a commencé le 28 juillet 2011 et s'est terminé un an plus tard, le 28 juillet 2012.
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dimanche 18 mars 2012

Dernier jour à Angkor - Siem Reap - Cambodge


Tchom Reap Sour,

En tuk-tuk nous commençons notre dernière journée à Angkor.

Le Bantey Samré, un des premiers temples du site dédié aux Samré, peuple Khmer du X° siècle, puis,








Le Ta Phrom où d’immenses arbres, des fromagers, ont envahis le site. Ce temple a été laissé tel quel par les archéologues. Les racines géantes s’immiscent par la moindre fissure ou rentrent par les portes. Les ruines semblent vivre une seconde vie, bouleversées et soulevées comme des fétus de paille par le végétal qui ressemble à un éléphant, à un serpent ou à un crocodile. Le visage d’une apsara (danseuse) est visible, coincé entre deux immenses racines, donnant une âme à cet étrange duo de matières.












Le Pré Rup (tourner le corps) est le temple où les rois et les puissants ont été incinérés, c’est le passage pour la renaissance. Le bassin où on lavait les restes de la crémation s’écoule vers l’Est (la renaissance) alors que tous les autres bassins rituels (lingas) s’écoulent vers le Nord.


Nous quittons Angkor, magnifique, gigantesque et fascinant, classé depuis 1992 au Patrimoine mondial de l’Unesco, ballotés dans notre tuk-tuk qui nous apporte un peu de fraicheur. La température est à 37° à l’ombre et gravir les temples au soleil nous a épuisé.

Nous suivons l’ancienne digue des immenses réservoirs d’eau, les Bantais, qui ont fait vivre les
500 000 habitants. 2 réservoirs de 8 km par 2, assuraient ce rôle. Aujourd’hui, ils sont occupés par des rizières, des villages ont poussé sur les digues.

Nous dînons avec notre guide, Channara et sa charmante épouse. Nous parlons de notre pays et de la fascination qu’il apporte à leur famille. Nous le quittons avec beaucoup d’émotion, nous sommes restés ensemble dix neuf jours et quelques nuits à dormir ensemble chez l’habitant. Nous resterons en contact, via internet.


Demain, nous quitterons le Cambodge. S’il est vrai que la poussière, la chaleur, la saleté et la misère sont les premières choses que l’on a vu en arrivant, on se souviendra par contre, de ce peuple qui revient à la vie, après des années de guerre, des sourires des enfants et des femmes, du travail des hommes, des moines riant et se baignant dans la cascade, et de son patrimoine architectural unique.
Venez visiter le Cambodge ! En vous installant à Siem Reap pour dix jours, vous pourrez visiter tous les matins le site d’Angkor et les après-midi profiter de la chaleur, du mois de décembre par exemple, et de la beauté des rizières verdoyantes. 

Nous arriverons en fin de journée à Da Nang (Vietnam) mais cela sera une autre histoire.

Lea Sen Heuy

Nos photos sur la galerie, http://crazyappfactory.com/worldwide/index.php et choisissez le jour désiré.

Message personnel à toi, nouveau tourdumondiste, qui part en Juillet 2012 et qui se demande comment nous pouvons publier quasiment quotidiennement :
"Merci de nous envoyer ton adresse e-mail dans un commentaire (que nous ne publierons pas bien entendu) et nous aurons plaisir à échanger."

samedi 17 mars 2012

Angkor Thom - Siem Reap - Cambodge

Tchom Reap Sour,

Nous partons en vélo pour 10 km, la route est agréable, la circulation normale, une moto nous dépasse avec quatre passagers dont un bébé prenant son biberon !

Nous allons visiter Angkor Thom, une ville fortifiée de 3 km de côté, entourée de douves de protection et percée de cinq portes. Elles sont précédées d’un pont qui enjambe l’eau. De chaque côté, des sculptures représentent des démons qui tiennent un immense serpent, ils font plus d’un mètre de haut, ont les yeux ronds, des visages différents et grimaçants. Ils y en a au moins une cinquantaine. La porte est surmontée aux quatre côtés, d’une sculpture du visage du roi constructeur Jayavarman VII.  Magnifique !









Notre guide nous surprend en quittant la route et en montant sur le mur d’enceinte. Côté extérieur c’est haut, mais côté intérieur, c’est un talus de terre qui forme un chemin de ronde beaucoup plus agréable que la route. Nous arrivons ainsi jusqu’au centre de la ville, devant le Bayon.
Un temple composé de 54 tours, et sur chacune, aux quatre points cardinaux, le visage du roi.  54 tours pour 54 régions de l’empire khmer de l’époque et 4 visages pour les 4 états de Bouddha : bienveillance, compassion, méditation et sérénité.
Quelle splendeur, c’est vraiment impressionnant !
Les gardiens à l’entrée chaussent au moins du 72, les bas-reliefs représentent des scènes de batailles avec les Cham (musulmans), des scènes de la vie du roi et de la vie quotidienne. Une femme avec son bébé dans les bras et des galettes de riz sur la tête s’occupe du ravitaillement de l’armée. Un petit cochon est sous les roues d’une charrette.



Puis la terrasse des Eléphants, où une grande frise sculptée figure un défilé de généraux montés sur éléphants. Une sculpture représente le dieu Indra sur sa monture, un éléphant tricéphale. La terrasse du Roi Lépreux, Le Grand Bassin, Le Phiméanakas, le Préah Khan, et Le Baphuon qui a été restauré par la France et inauguré par F. Fillion en 2011.




Les rois montraient leur puissance en construisant des temples, ainsi 292 temples ont été édifiés sur le site d’Angkor en 5 siècles, tous plus beaux les uns que les autres. Les premiers en latérite (pierre volcanique) et brique, puis à partir du XI° siècle, le grès remplace la brique. Tous les blocs viennent de la carrière située dans le Mont Kulen, réouverte aujourd’hui pour les besoins de la restauration. Les blocs étaient transportés par la rivière, à dos d’éléphant et par charrette à boeuf. Il a fallu des quantités astronomiques pour satisfaire les architectes : rien que pour Angkor Wat, les archéologues ont estimé le poids de l’ensemble à 300 millions de tonnes ! Tous les blocs sont disposés les uns sur les autres sans ciment, l’ajustage est millimétrique, et la taille des blocs reste encore un mystère aujourd’hui. Les blocs sont ensuite sculptés sur place. On a du mal à imaginer le nombre d’artistes, travaillant de concert sous la baguette magique de maîtres d’oeuvre, capables de synchroniser leurs efforts et d’obtenir des bas-reliefs sur plus de 200 mètres de long.
Les délais étaient aussi incroyables. Javavarman VII a régné 40 ans et 1181 à 1220, et a bâti 10 temples pendant cette période, tous immenses. Nous serions sûrement hors délai si nous avions à les refaire même avec toute notre technique. Ce roi tolérant a été le premier roi à prendre la foi Bouddhiste, tout en laissant les hindouistes adorer Vishnou, Brahma et Shiva. Ainsi les temples voient fleurir des bouddhas partout et des garoudas (mi-homme mi-aigle, symbole hindouiste) surmontant deux têtes de nagas (serpent à plusieurs têtes, symbole boudhiste) qui représentent l’union des deux religions. Son successeur hindouiste moins tolérant, fera détruire systématiquement, en burinant ou cassant toutes les statues dédiées à Bouddha.
Des historiens avancent que cette folie des grandeurs a épuisé le peuple Khmer et les caisses de l’empire. L’agriculture et la riziculture intensives pour nourrir tout ce monde, ont épuisé les sols. En imaginant un kilo de riz par jour et par personne, il faut 500 tonnes de riz pour 500 000 personnes, soit 180 000 tonnes par an, soit la production de 100 000 hectares environ ! Ils expliquent ainsi la chute d’Angkor.

Nous nous accordons une heure, pour un massage bien mérité et un petit tour dans la ville de Siem Reap.

Demain, visite mais cette fois-ci en tuk-tuk, mais cela sera Angkor, une autre histoire.

Lea Sen Heuy

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vendredi 16 mars 2012

La Montagne Sacrée - Phnom Penh - Cambodge

Tchom Reap Sour,

Tôt le matin, nous visitons la citadelle des femmes, Bantey Srei, X°siècle. Les archéologues français, dont Mr Parmetier, ont du faire un immense puzzle pour remettre debout une partie de ce temple magnifique. Il leur a fallu 6 années de 1931 à 1936  pour rebâtir ce petit joyau de plein pied par anastylose. Le procédé consiste à démanteler  la totalité du temple pour le remonter entièrement une fois la base consolidée, chaque pierre de plusieurs centaines de kilos va être déposée, inventoriée et stockée sur plusieurs hectares alentours et enfin soigneusement remontée après .Les sculptures y sont beaucoup plus fines qu’à Angkor Wat, Nous sommes véritablement sous le charme.
En repartant, nous découvrons qu’un autre français s’était illustré en emportant  800 kilos de statues pour son usage personnel : M. André Malraux passa ensuite 3 années en prison à Phnom Penh, avant de devenir quelques années plus tard, ministre de la culture.....


Nous suivons une route difficile jusqu’au sommet de la colline Phnom Kulen. Nous arrivons au bord de la rivière des Lingas où nous nous baignons dans une cascade spectaculaire et très agréable. La température est à 35° à l’ombre, au soleil c’est très difficile, les gouttes de sueur brûlent nos paupières.
Nous reprenons la route jusqu’à la Pagode de Preah Kral perdue au milieu de nulle part. Un policier local nous accompagne. Pour assurer notre protection, il restera avec nous toute la journée et la nuit ! Phnom Kulem, le parc national, débute ici et on retrouve la forêt primaire, jungle, lianes et orchidées. Nous marchons pendant 3 heures pour rejoindre le village d’Anlong Thom à 250 m. d’altitude. Nous devions auparavant visiter un site, mais il est fermé pour cause de déminage ! Effectivement cette région a été l’un des derniers bastions des Khmers Rouges, et l’on peut voir sur les pierres du sentier, les traces des chenillettes des blindés.

En route, nous pouvons admirer des sites archéologiques qui datent du 8° siècle où des sculptures sont gravées dans d’immenses pierres naturelles. Cette montagne était la capitale à cette époque, 50 temples sont recensés dans cette jungle, tous attaqués par la végétation.
Dans le petit village, certains nous sourient mais beaucoup d’autres ne répondent pas à notre salut. Un alambic distille de l’alcool de riz. Une ONG a dispensé des cours de pisciculture et créer une champignonnière, pour assurer de nouvelles sources de revenus au village. La pagode est en effervescence, car des jeunes vont aider à des travaux ce soir au son de musique ! Ce n’est pas de chance ! Nous dormons avec notre guide dans une maison sur pilotis, ancien débarras rempli de Bouddhas. Notre policier est accompagné d’un autre, et ils dormiront sous notre cabane !

Malgré la courte nuit, car la musique continue jusqu’à 23 h, nous nous réveillons à 6 h et reprenons notre marche de retour. Sur le chemin, tels des aventuriers nous découvrons un ancien temple, Oph Ong, du 8° siècle aussi mais un peu restauré. C’est émouvant de découvrir ces ruines au détour de la forêt, tel des archéologues et on essaye d’imaginer la splendeur d’autrefois. 

Cette montagne est sacrée et les pèlerins la gravissent pour se recueillir, des offrandes à la main,à Preah Ang Thom, devant un Bouddha couché, de 9 m. de long, sculpté dans le rocher, tout en haut de la colline.

Nous revenons jusqu’à la cascade de la veille, et prenons congé de notre garde du corps. Nous retournons à la baignade où une vingtaine de moines arrivent et se baignent, en pagne orange. Malheureusement, notre appareil photo est resté en haut, et nous ne pouvons pas vous montrer tous ces moines en orange, sauter en riant, se couler, se photographier. Dans les branchages, les attendent leurs toges orange qui éclairent le sous-bois.

Nous redescendons au site d’Angkor, visiter pour la fin de la journée, Beng Maelea, le fameux temple oublié pris dans la jungle, lieu de tournage du film «Les 2 frères» de J.J. Anaud. Le végétal a pris possession du minéral et à plusieurs endroits, ces deux éléments ont la même couleur et paraissent de la même matière. Nous déambulons dans cet enchevêtrement grâce à des passerelles édifiées pour le film, et essayons de retrouver les scènes où les tigres vivent. Ce site est très intéressant à visiter car on imagine l’ampleur des travaux réalisés dans les sites restaurés.

Demain, on visite à vélo, Angkor Thom, mais cela sera, Angkor, une autre histoire.

Lea Sen Heuy

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mercredi 14 mars 2012

Angkor Wat - Phnom Penh - Cambodge

Tchom Reap Sour, 

2° épisode :

Avant de vous parler d’Angkor Wat, il faut d’abord imaginer que le site entier d’Angkor fait : 45 km x 50 km = 2 250 km2 ! A l’apogée (XII et XIII°) la ville comptait plus de 500 000 habitants, une des villes les plus peuplées au monde. Pendant au moins cinq siècles, Angkor fut la capitale du puissant empire khmer (du sud de la Chine, du Vietnam, Laos, Thaïlande et Birmanie), jusqu’à l’invasion des siamois (thaïlandais). Aujourd’hui, en parcourant le site, de nombreux villages sont installés avec mairies, écoles, dispensaires et pagodes.


Angkor Wat est le temple le plus important du site, construit au XII° siècle, dédié à Vishnou. en grès sur 3 étages (temple montagne). La chaussée d’entrée dallée, de 220 m qui enjambe les douves (1.3 km x 190 m. de large), était ornée de balustrades en forme de naga (serpent à plusieurs têtes). Après le mur d’enceinte, 82 hectares de superficie !
Tous les murs sont sculptés d’apsaras (danseuses) 1 200 m2 de bas-reliefs sculptés, 38 millions de tonnes de pierres ! Pour accéder à la tour centrale, 12 escaliers sont inclinés à 65° sauf un à 45°, dédié au roi. Des écritures en sanscrit ont renseigné les archéologues sur l’histoire du roi. La visite est époustouflante et éreintante !

Demain, trek dans la montagne sacrée et nuit à la pagode, mais cela sera, Angkor, une autre histoire.

Lea Sen Heuy

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mardi 13 mars 2012

Lac Tonlé Sap - Cambodge

Tchom Reap Sour,

Une longue barque nous attend à 8 h ce matin, pour quitter Battanbang, par voie fluviale. Les maisons sur pilotis apparaissent dans tout leur dénuement, un spectacle désolant. Tout est jeté dans la rivière, alors qu’elle leur apporte la nourriture, l’eau pour boire et se laver. Mais leur préoccupation est autre. Ils ne reçoivent aucune aide de l’état, et doivent vivre au jour le jour.
Les mêmes sourires éclairent ces vies misérables. A cette heure-ci tout le monde vague à ses occupations : laver le linge ou les casseroles, revenir de la pêche et trier le poisson, arroser les cultures (quand on a la chance d’avoir un petit potager), se laver, etc...
Il nous faudra 8 heures pour relier le village flottant dans lequel nous dormirons ce soir, au début du Lac Tonlé Sap. Le paysage change un peu, les berges ne sont pas toujours habitées, la rivière fait des méandres, l’eau est toujours marron.
Nous déjeunons dans un restaurant flottant pendant que notre capitaine se repose dans le hamac de son bateau. Ici il est omniprésent, il est utilisé à l’extérieur pour les siestes mais aussi à l’intérieur des maisons, pour les nuits. Les bébés y sont bercés énergiquement soit à la main, soit à l’aide d’une ficelle. Il est pratique et frais.
Nous traversons de nombreux villages flottants. Certains possèdent une école tout en haut sur la berge, d’autres, une simple cabane sur pilotis, au plancher disjoint, et dans d’autres, des écoles flottantes. Les écoliers arrivent par barque, chemise blanche (presque blanche) et jupe ou pantalon bleu marine. C’est une bénédiction ces uniformes, ils nivèlent, tous les enfants se ressemblent.
Nous voilà arrivés, mais avant de débarquer chez nos hôtes, nous allons rendre visite ...à des crocodiles. Ils étaient nombreux avant, dans ce lac, mais ils ont été tous (presque dira le guide) tués. L’habitude a été gardée de les élever pour les vendre, soit tout petit, soit plus gros, à des Chinois, des Thaïlandais, Vietnamiens, Indonésiens et Malaysiens. Les propriétaires ne connaissent pas le sort qui leur est réservé ! Sur la berge, des enclos très très sommaires ont été fabriqués avec des bouts de bois et de ficelle, pour garder ces monstres. Ils sont gris et se ventilent en gardant la bouche ouverte. Nous n’en avions jamais vu d’aussi près. Ils peuvent être cinquante ou soixante dans un seul enclos. C’est effrayant, mais c’est une véritable richesse pour les propriétaires. Les gros sont vendus 300 $ et les petits qui viennent de naître 20 $, une fortune ici.
Puis nous reprenons la barque pour notre maison d’un soir. La famille est composée du couple de parent, âgés d’une petite soixantaine d’années, et de leur fille avec ses deux enfants (3 et 1 ans). Nos couchages sur nattes et sous moustiquaires, sont préparés dans la salle commune, notre guide dormant à côté de nous. La maison est très très simple mais propre et bien entretenue. Nous allons nous doucher, dans un WC-douche, à l’abri derrière des tôles ondulées. On a pris l’habitude : un grand seau et une grande louche, et nous voilà propre. L’eau coule à travers le plancher disjoint pour rejoindre le lac, autant pour la douche que pour les WC. Pour le repas, il suffit de dérouler une toile cirée à même le sol et on pose les plats. Nous posons beaucoup de questions sur leur vie et le mari nous en posent aussi, curieux et intéressé. Nous lui montrons des photos de notre lac, des pontons, des montagnes, de la neige. Les voisins arrivent et la regardent avec stupeur, ils rient quand on annonce nos températures hivernales. Nous aussi on regarde la neige et on essaye de se rafraîchir avec nos éventails, il a fait 35° à l’ombre aujourd’hui. Le soleil a disparu et l’air est toujours aussi chaud. Il est 20 h quand nous nous couchons, pas ou peu d’électricité oblige. On se souhaite «rétréi soustéi» bonne nuit.

Nous avons très bien dormi, et il est 6 h 30 quand nous reprenons notre bateau, en direction de Siem Reap à 2 heures de trajet.
Le lac est très grand, comme une petite mer. Les pêcheurs sont penchés sur leurs lourds filets. Ce lac joue un rôle très important pour le Cambodge, évitant au pays des inondations comme en Thaïlande. A la saison des pluies, le Mékong se gonfle des eaux qui se déversent tout au long de son cours, arrive à Phnom Penh, rencontre le fleuve qui sert de déversoir du lac Tonlé Sap (dont le niveau est beaucoup plus bas). Naturellement une partie du Mékong va remonter ce fleuve et venir remplir le lac, le courant dans le fleuve s’inverse à ce moment-là. Le lac va tripler de surface en 4 mois, les méandres que nous avons traversés hier n’existent plus, les maisons sur les berges sont démontées, l’eau monte de 7 à 8 mètres par rapport à son niveau le plus bas en Avril. Toute la vie que nous voyons sur terre est sous marine pendant 6 mois, le village où nous dormons déplace ses maisons d‘une centaine de mètres, des stocks de bois sont entreposés à 5 mètres dans les arbres. Certains autres villages flottants se déplacent de plus de 5 km sur les rives. Le lac est très peu profond, 3 à 4 mètres en saison sèche et 11m en saison des pluies. Beaucoup d’alluvions du Mékong viennent s’y déposer chaque année et l’Unesco prévoit qu'il sera rempli d’ici quelques centaines d’années, qu'adviendra-t-il du Cambodge alors ? Sera-t-il noyé pendant 6 mois ?  Les experts ont le droit de se tromper.

Nous débarquons à Siem Reap, nous ressentons tout de suite la ville touristique, les aménagements, les touristes, les magasins.
Sur la route, un horticulteur cultive des lotus, sur des hectares.
La ville nous apparaît tout de suite, agréable, urbanisée, vivante avec ses commerces et ses hôtels, la circulation parait moins dense qu’à Phnom Penh.
Nous nous rendons aux Artisans d’Angkor, où une ONG dispense des cours de sculpture, de peinture sur soie à des sourds-muets, de peinture, de laque, de tissage de soie.
Et enfin, nous nous rendons sur le site d’Angkor. Nous prenons un pass pour quelques jours, car nous reviendrons quatre fois. On nous photographie pour notre badge, la commercialisation est structurée et privée, l’état a délégué son travail, afin de recevoir plus d’argent que s’il le faisait lui même. La corruption omniprésente.
Le site est immense et il faut se déplacer en voiture. Nous nous approchons du célèbre Angkor Wat ...

La suite au prochain épisode, mais ce soir il faut préparer nos affaires car demain, trek et nuit dans une pagode, hébergés par des moines, mais cela sera, Angkor, une autre histoire.

Lea Sen Heuy

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lundi 12 mars 2012

Battambang et ses alentours - Cambodge

Tchom Reap Sour, 

Nous prenons notre petit déjeuner dans une famille, chez l’habitant. La femme nous attend avec du thé, du pain frais, du porc grillé, des œufs pochés et des fruits frais. Appétissant. Nous sommes installés sous la maison à pilotis. Le fils ainé, âgé de 12 ans, est à l’école, le plus petit, non scolarisé car il a 5 ans, joue avec son voisin. Nous partons tout de suite après, avec le mari, bâton à la main, sur la colline derrière leur maison. La montée est difficile car il n’y a pas de chemin et de multiples cailloux se dissimulent sous les feuilles mortes. La forêt est composée d’arbres fins et clairs. Il fait déjà très chaud. Les fourmis rouges sont très nombreuses et nous attaquent. Elles sont des dizaines sur nous, nous mordant en levant leur corps et leurs pattes arrières. Nous les enlevons une par une mais elles s’enfilent très vite dans nos vêtements.
Après deux heures de marche, nous arrivons à une grotte devant laquelle des statues représentant des ermites sont régulièrement honorées, comme nous le prouvent des offrandes fraiches. Il fait frais à l’intérieur de la grotte, nous progressons à l’aide de nos lampes torches  et nous sommes surpris par une lueur de bougie. Au plus profond, la flamme éclaire un tissu orange, une natte et... un bonze. Il est installé devant «un sanctuaire» où ermites et Bouddha se côtoient. Il se lève et sort, nous le suivons et découvrons à quelques pas, en contrebas, une pagode, où il rejoint quatre autres moines. Une nonne prépare leur repas et sonne pour qu’ils se mettent à table. Après notre offrande, il nous bénit et nous les laissons déjeuner.
Puis, nous traversons le minuscule village composé d’une dizaine de baraques sur pilotis sur terre battue. Pas d’eau courante bien sûr, beaucoup de déchets, aucun confort sommaire, mais tout le monde nous interpelle avec le sourire. Quand nous nous approchons, les petits enfants se cachent vers leur mère, car ils ont peur de nous.
Nous retournons chez nos hôtes, pour déjeuner. Après ces trois heures de marche, nous avons très faim. Au centre de la table, un braséro est installé. Génial on avait un petit peu froid !!! On dispose de minuscules morceaux de filets de bœuf dessus et on déguste les légumes du jardin, avec du riz, bien entendu. C’est délicieux. Les hamacs sont préparés dans un insignifiant courant d’air, idéal pour quelques minutes de sieste.

Nous quittons la petite famille et reprenons notre mini bus pour une autre étape : Phnom Banon. Ce temple du XI° siècle est accessible par un escalier de 355 marches ... Il est 13H30 et la chaleur est à son comble. En haut nous sommes récompensés de nos efforts, cinq tours de style khmer sont disposées en quinconce. Le site a beaucoup souffert pendant des siècles et la végétation avait tout recouvert. Aujourd’hui, les tours sont dégagées de la verdure et partiellement reconstruites, les archéologues faisant un puzzle géant. La vue sur la plaine est très belle.

Nous repartons pour la troisième ascension de la journée : Phnom Sampov, une tête de Bouddha taillée dans la montagne est le résultat d’un projet abandonné qui devait voir trois immenses Bouddhas creusés dans la roche, mais l’association a disparu et les tailleurs avec. A mi pente, nous arrivons à une pagode reconstruite après que les khmers rouges aient détruis la précédente pour la remplacer par une prison. Les intellectuels supposés étaient questionnés, torturés, avant d’être exécutés, la tête fracasée et jetés dans une immense grotte naturelle. 3 000 corps ont été retrouvés. Un ossuaire est dressé dans la grotte, les crânes apparents. Pas de nom, ni de registre, les familles ne savent pas ce que sont devenus leurs proches arrêtés. 
Notre guide a les larmes aux yeux, il pense que son papa a été tué ici ... C’est terrible ... Que dire, de plus beaucoup de khmers rouges étaient des enfants conditionnés pour tuer. Nous redescendons très secoués par ces souvenirs atroces et nous espérons la Paix sur toute la Terre.

La journée se termine par un petit tour en draisine, sur une ancienne voie ferrée construite par les français autour de 1925. Les voies sont d’origine et le parallélisme a pris un peu de liberté avec le temps, car la voie n’est pas entretenue. Les draisines sont des plateaux en bois ou bambou, que l’on installe sur 2 essieux, une courroie et un petit moteur complètent le tout. Et ça marche. Il n’y a qu’une voie et quand une autre draisine est en face, c’est la moins chargée que l’on démonte et pose le long de la voie pour la durée du croisement ... Le temps pour avaler les 4 kilomètres qui nous séparent du village voisin dépend donc du nombre de croisement que nous aurons à effectuer. 1 seul à l’aller mais beaucoup plus au retour ... Aujourd’hui, il est principalement touristique mais les villageois l’utilisent aussi, pour eux et pour le transport de marchandises, car les villages sont éloignés de la route. Le gouvernement reconstruit des voies de chemin de fer et dans quelques années, de vrais trains repasseront peut être par ici.

Le village dans lequel nous arrivons abrite des membres de la famille de notre guide. Son cousin germain tient une buvette à la «gare» d’arrivée, et a vécu lui aussi l’époque Khmers Rouges. Nous partons découvrir son village, en croisant les habitants très accueillants et avides de communiquer. En regardant une forge, nous sommes invités à venir nous asseoir avec sa femme. Plus loin, une vieille femme montre à Isabelle comment porter le krama sur la tête. Pas de discussion, rien que des regards et des sourires.

Demain descente de la rivière Sanker, depuis Battanbang jusqu’au lac Tonlé Sap et nuit dans une maison flottante mais comme vous le savez, cela sera, Angkor, une autre histoire.

Lea Sen Heuy

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dimanche 11 mars 2012

Battambang - Cambodge

Tchom Reap Sour,

Nous quittons Kep pour Battambang. En chemin, nous nous arrêtons à l’embouchure du lac Tonle Sap, où une grande ville flottante s’est installée sur ses berges. Cela ressemble plus à un immense bidonville. Les familles, dépourvues de terrain, vivent sur leur barque, abritées seulement par une bâche. Il est difficile d’imaginer ces pauvres gens en saison de pluies.
Des marchands ambulants vendent des grillons grillés. Un peu plus loin, nous verrons les ingénieux pièges pour les capturer. Une lampe pour les attirer, un sac plastique pour les piéger et une bassine d’eau pour les noyer !
A l’entrée de la ville de Battambang, un rond-point attire notre attention. Des offrandes diverses (fleurs et fruits, poulets grillés et cochons entiers) sont destinées à la grande statue représentant Battambang (le bâton perdu).
La ville a des vestiges de maisons coloniales et des trottoirs dallés le long des quais.



Pour toi Martine, un coiffeur qui exerce sur le trottoir.











La guerre civile de 1975 à 1979, sous le régime de Pol Pot, fit 2 millions de morts sur 7 millions d’habitants. Ces cambodgiens moururent de faim, de maladies non soignées, d’épuisement et de mauvaises conditions imposées par le régime. L’argent et la propriété privée étaient abolis, les marchés, les tribunaux, les bureaux, les écoles, les universités, les lieux de culte furent fermés. Les moines bouddhistes devaient se défroquer. Les familles étaient séparées, des millions de gens subirent la déportation et les travaux forcés. Le pays devint un vaste camp de concentration.
Notre guide, victime de ces sévices nous raconte cet enfer. Il a dû partir, à 16 ans, comme les autres, de la ville pour cultiver la terre. Au risque de se faire tuer, il a enterré une grammaire française au pied d’un arbre derrière la maison de ses parents. Il a été séparé de sa famille, il dormait sous un abri de paille, travaillait du lever au coucher du soleil et subissait les séances de «rééducation», d’humiliation et d’auto-critique. Son père, professeur de français, n’a pu cacher longtemps son éducation et à été dénoncé. Un matin, trois Khmers Rouges sont venus le chercher devant sa femme, et l’ont emmené ! Ils ne l’ont jamais revu ... Il a retrouvé sa famille après l’invasion vietnamienne qui les délivraient, il pesait alors 40 kg et avait 20 ans. Tous les «intellectuels» furent massacrés, quiconque portait des lunettes était exécuté. Les imprimés furent brûlés, les livres mais aussi les cartes d’identité, certificats de propriété et les cartes grises des voitures ! Après, il a fallu recenser les habitants et leur attribuer de nouveaux papiers.
Son récit plein d’émotion, nous bouleverse. Nous regardons d’un autre œil, ce pays qui se relève de cette tragédie.

Demain, journée chez l’habitant, mais cela sera, Angkor, une autre histoire.

Lea Sen Heuy

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Message personnel à Émeline et André : Merci de nous donner votre adresse e-mail sur un commentaire, que nous ne publierons pas, bien entendu.

samedi 10 mars 2012

Kampot - Cambodge



Tchom Reap Sour,

Nous quittons Phnom Penh et son brouhaha, après avoir visité le Palais Royal et la Pagode d’Argent. Son sol est entièrement recouvert de plaques d’argent. De nombreux coréens et chinois s’agglutinent devant leurs objectifs.
En chemin, nous visitons une pagode encastrée dans la montagne. Pour y accéder, nous rentrons dans une grotte et nous ressortons sur une petite place, creusée par l’érosion, à l’intérieur de la montagne. Là un Bouddha couché reçoit les offrandes des villageois. Le seul touriste est, Etienne, un des français avec qui nous avons diné à Sen Monorom. Nous prenons rendez-vous pour diner ensemble ce soir.

Les pagodes (monastères) se suivent, avec leurs moines en habits safran. Certaines sont de vrais petits villages, avec des bâtiments pour la prière, pour l’étude, pour les repas, pour la cuisine, pour l’habitation, souvent un banian, l’arbre de Bouddha et une mare où l’éternel lotus pousse et fleurit en rose ou blanc. Il est utilisé pour les offrandes et pour ces feuilles qui enveloppent les repas.
Sur la route, beaucoup de vanneries sont proposées, en rotin ou en bambou, en sièges, en nattes, pour l’utilitaire ou le décoratif.
Un éléphant travaille sur la route à côté des camions.

Nous arrivons à Kampot, sur le littoral est, où les marais salants apportent un complément à l’agriculture et à la production de fruits, dont le fameux durian, au goût apprécié des cambodgiens, mais à l’odeur repoussante.
Nous croisons ici plus de cambodgiens avec l’écharpe traditionnelle en coton à carreaux rouge et blanc, appelée krama. Elle sert à tout et se porte autour des reins, en turban, croisée pour porter les bébés, pour transporter ses courses ou pour s’essuyer.

Les enfants sont toujours aussi nombreux, peut-être 50 % de la population. À Phnom Penh nous avions l’impression qu’ils étaient beaucoup plus avec toutes les universités. Nous avons rencontré le fils de notre guide, brillant élève de médecine, il rêve de Paris. Est-que des parisiens pourraient lui envoyer une carte postale avec des vues de la Tour Eiffel ou des monuments ? cela lui ferait tellement plaisir !

Nos bungalows se situent au bord de la rivière, simple cabane sur pilotis avec l’eau «courante» dans un seau. Baignade, l’eau est chaude, kayak et promenade pour aller jusqu’à une école, où un cours en anglais est donné. Nous rentrons dans la classe et participons à l’étude. 1 heure d’anglais par semaine, nous aidons les élèves à réviser à l’aide de cartes et de phrases simples.

La soirée est agréable avec Etienne qui nous rejoint, toffu, crevettes et riz, au bord de la rivière.


Le lendemain, samedi, nous partons au marché aux crabes. Ils ont les pattes bleues et se débattent quand les femmes leur attachent avec des élastiques. Calamars et crevettes grillées, fruits, vanneries et objets en coquillages.

Puis nous allons à l’île des lapins, qui ont disparu depuis, de l’autre côté de Kep. Cette ville balnéaire des années 50/60 était réputée et attirait les français et les cambodgiens fortunés. Mais les Khmers Rouges, puis ensuite les Vietnamiens, ont brulé toutes les maisons et rasé la ville, symbole de loisirs et de capitalisme. Nous apercevons les ruines calcinées des belles demeures du passé, seuls les murs d’enceinte persistent. Peu sont reconstruites. Quelle désolation !

Nous nous prélassons toute la journée, entre le sable et l’eau du golfe de Thaïlande, presque trop chaude, et en se protégeant du soleil et de la chaleur.

Sur le quai, des mariés posent devant leur photographe. La mariée est tout de rose vêtue, le marié est élégant avec son costume blanc et doré.

Au retour nous apercevons d’étranges immeubles, pour les hirondelles ! 3 étages avec seulement des petits trous pour ces demoiselles où les villageois pourront recueillir la salive des volatiles pour la médecine !

Demain, 8 heures de route pour rejoindre Battanbang, à l’ouest, mais cela sera, Angkor, une autre histoire.

Lea Sen Heuy


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jeudi 8 mars 2012

Phnom Penh - Cambodge



Tchom Reap Sour,

Ce jeudi, jour férié pour la journée internationale de la femme (à proposer à notre nouveau président !!!). Nous visitons le Musée de Phnom Penh, construit par les français au début du 20° siècle, dans une architecture traditionnelle en bois peint en rouge. Des vestiges d’Angkor et Angkor sont exposés autour d’un jardin carré. Nous découvrons 4 styles qui correspondent à la période pré-angkorienne (du 7° au 10° siècle) et 10 styles pour la période angkorienne du 10° au 14° siècle. La plupart des statues ont été ravagées, la tête et les bras coupés. Les singes ailés, les têtes de géants, les garoudas et de splendides photos noir et blanc des ruines d’Angkor, nous rappellent les films, les légendes et la littérature que nous avons appréciés.

Puis, nous nous rendons au centre du PSE (Pour un Sourire d’Enfant) Mais avant de lire nos prochaines lignes, allez tout de suite sur le lien : http://pse.asso.fr/
et regarder la vidéo : http://pse.asso.fr/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=1&Itemid=7&lang=fr
pour voir et comprendre le travail fourni par Christian et Marie-France Des Pallières.
Lors de notre repas d’aurevoir, vous avez été généreux pour cette association (loi 1901) et nous sommes allés verser vos dons.
Nous déjeunons à leur restaurant, où les enfants en classe cuisine-hôtellerie nous reçoivent, chemise blanche et noeud papillon pour les garçons, jupe traditionnelle dorée pour les filles. La carte est française et les mets de qualité. Puis, une charmante jeune fille nous guide vers les classes, les dortoirs, les ateliers, les cours, et nous sommes surpris par la grandeur et la qualité de l’ensemble des bâtiments. Elle nous confie qu’elle vivait sur la décharge, comme les autres enfants, et que grâce à Papi et Mamie (M. et Mme Des Pallières ) elle a pu vivre décemment et suivre des cours pour devenir comptable. Elle parle un très bon anglais et à commencer le russe.
En plus de l’aide apportée aux enfants du centre, 14 tonnes/semaine de riz sont distribuées aux familles qu’il faut aider afin de compenser le manque à gagner dû à la scolarisation de leurs enfants. Il faut aussi donner du travail aux mères désœuvrées. Nous les avons rencontré à l’atelier de couture où elles confectionnent les uniformes portés par tous les enfants (3 000 au centre cette année !) et les articles-souvenirs vendus à la boutique du centre.
Les enfants sont exceptionnellement regroupés pour fêter le jour férié, avec démonstration de leurs talents. Leur nombre nous tire les larmes des yeux. Ils nous regardent, nous sourient. Ils rient, s’interpellent, se regroupent pour discuter, bref, ils vivent une vie normale. Là, un atelier de théâtre, un grand salon de coiffure pour les CAP coiffeuses, une bibliothèque, puis une répétition de danse traditionnelle, une classe pour les enfants handicapés avec les fauteuils roulants à l’entrée, et puis l’orphelinat.
Il faut tout apprendre à tous ces enfants qui n’ont plus de structure sociale ni familiale. Leur apprendre les gestes de la propreté (des panneaux en khmer, français et anglais expliquent les gestes simples), le b-a-ba des valeurs humaines (tous les vendredis cours de morale pour tous les élèves), l’assiduité des cours et le travail personnel.
Les élèves arrivent à partir de dix ans et sont sélectionnés sur leur désœuvrement, il y en a tant ! Le PSE continue de distribuer tous les matins dans une cabane à côté de la décharge, du riz et des soins médicaux aux enfants qui sont encore sur la décharge, à quelques mètres du centre. Ils aident autant d’enfant (3 000) dans les écoles publiques, en payant une partie voir la totalité de leur scolarité. Ils mettent à disposition des vélos pour leur permettre de se rendre à l’école. La liste est longue et leurs besoins infinis. Si vous pouvez, donnez, même une petite somme, faites-le, tous ces enfants demandent seulement de manger et de travailler. Merci pour eux !

Demain, visite du Palais Royal et sa Pagode d'Argent, et route pour Kampot, toujours plus au sud, mais cela sera une autre histoire.

Lea Sen Heuy


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mercredi 7 mars 2012

En route pour Phnom Penh - Cambodge

Tchom Reap Sour,

Nous partons ce matin pour Phnom Penh. En route nous découvrons ce pays ravagé par les guerres successives et surtout par la folie destructrice des Khmers Rouges. Les habitants vivent dans des baraques en bois, sans aucune propreté, confort, sécurité. Tout à été ravagé, détruit, anéanti. Ils n’ont plus rien.


 En arrivant dans la plaine, la déforestation continue. Comme au Laos, les Chinois et les  Vietnamiens plantent de l’hévéa sur des dizaines de milliers d’hectares ! Les terres sont cédées par le gouvernement au mépris de la loi qui interdit de couper la forêt primaire. Nous avons lu dans le journal local qu’en 2011, 7 630 km carrés sont passés dans les mains d’investisseurs Chinois, pour la plupart dans des parcs nationaux. Dans le Sud Ouest, un projet d’une ville loisirs avec casino, marina, commerces, etc, s’est vu attribué 340 km carrés dans un parc national. Le journal titre qu’une nouvelle race d’animal sauvage va remplacer le tigre et le gibbon : le flambeur chinois !



Nous nous arrêtons dans une vieille exploitation

d’hévéa, plantée par les français pour exporter le

précieuse sève à Clermont Ferrant (hello,


Émeline et André).



Cette culture demande une nombreuse main d’oeuvre.




Pendant 9 mois, l’écorce est incisée sur 5 mm, la sève coule



dans un bol qu’il faut ramasser chaque jour.
















La capitale se devine au bout de plusieurs heures de route, avec ses bidonvilles, ses immeubles en décrépitude, les nouveaux quartiers flambant neufs et les nombreux immeubles en construction. Après la période Khmer rouge, il n’existe que très peu de vestiges de la période française, seules quelques belles villas demeurent. Aujourd’hui, la frénésie de destruction a cédé la place à celle de la construction. Tout n’est pas de bon goût et l’appât du gain immédiat domine dans ce pays rongé par la corruption. Il faudra du temps et beaucoup de pédagogie pour que les choses changent.

Dès le soir, les Hummers et les Lexus roulent et croisent une incroyable quantité de motos et mobylettes. De riches cambodgiens et étrangers étalent leur fortune devant les mendiants, les handicapés et les enfants des rues !
Le co-mobylage si le mot existe, est une réalité. Rares sont les motos avec une seule personne, la normalité se situe entre 2 et 3 passagers, et Angkor. Mais nous voyons 4, 5 personnes et même une fois 6 personnes le père, la mère et les 4 enfants ...  La plupart roulent doucement, pour économiser l’essence. Le litre coûte autour de 1,30 $, pour un salaire mensuel moyen de 100 $ ... On achète 1 litre à la fois auprès de nombreux vendeurs tout au long des rues, qui proposent l’essence en bouteille.  

Demain, visite de la ville, mais cela sera une autre histoire.

Lea Sen Heuy


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mardi 6 mars 2012

Trek 2 jours Mundul Kiri - Cambodge

Tchom Reap Sour,

Hier au soir, nous sommes allés chercher une wifi, et nous avons trouvé un bar où la propriétaire, Virginie, une française, est installée avec son boyfriend cambodgien, Mot, depuis un an. La conversation vire vite aux voyages, aux découvertes avec deux français en vacances. Vivi nous invite à partager sa soupe dans laquelle nous trempons des morceaux de viande, telle une fondue bourguignonne. La soirée se prolonge avec de la bonne musique et des rires.

Le lendemain, balade en éléphant toute la matinée. Le siège pour deux est inconfortable et nous oblige à avoir les jambes repliées. Quand le chemin descend, on a l’impression d’être écrasé contre le palanquin ! Mais à part ce détail, c’est bien. La forêt s’épaissit, malheureusement sans orchidées fleuries. Nous arrivons à un petit ru que nos montures traversent en avalant des litres d’eau. Pause déjeuner à une petite cascade, où on retrouve des français. Il est onze heures, il fait déjà très très chaud, et la baignade rafraîchissante n’a pas son égal. Nous repartons vers quatorze heures pour trois heures de marche. La forêt dense alterne avec des plantations, des bambous et des champs en friche. Les enfants que nous croisons ont peur de nous, ils pleurent et se réfugient dans les bras de leur mère !

Nous arrivons au village Pouloug où la minorité Phnong habite et découvrons notre hutte pour la nuit, faite de chaume sur terre battue. Nos couchages sont installés sur une estrade en bambou tressé avec nattes et moustiquaires. Le propriétaire, Bak, a mis trois mois pour la construire afin de recevoir une dizaine de touristes, ce qui complète ses revenus. Marié avec trois enfants, il cultive du manioc, un beau potager et possède une belle basse-cour bruyante. Les wc ne sont qu’un simple trou dans la terre, mais une bâche les entoure. La salle de bains est dans la rivière, mais la aussi Bak a isolé un endroit pour ses visiteurs. Nous nous lavons complètement, laissant échapper des cris de surprise quand l’eau froide dégouline.
Nous dinons de viande de porc grillée en brochettes accompagnées de légumes et de riz bien entendu. Virginie, hier au soir, nous expliquait qu’un cambodgien mange un kilo de riz par jour en trois repas. Bak nous surprend en évidant un bambou pour faire cuire les légumes à l’intérieur, d’une façon traditionnelle sans utiliser de marmite. ! Mangue et ananas délicieux au dessert, dégustation d’alcool de riz autour du rituel des esprits des ancêtres,. La nuit commence alors qu’il est seulement vingt heures. Pas d’électricité, le rythme c’est le soleil qui l’impose. La pluie commence à tomber, très fort, mais la chaume nous protège. Dès que la paille est mouillée, elle se re-hydrate et se gonfle pour devenir imperméable.
Au Cambodge, la famille du marié paie la dot et le mariage, et l’époux va vivre chez sa belle-famille. Auparavant et maintenant «Angkor» dans certaines familles, les parents de l’homme choisissent l’épouse et négocient avec la belle famille. Aujourd’hui, certains hommes modernes, peuvent choisir leur femme, qui, depuis très peu de temps et dans certains cas exceptionnels, peut refuser. 

Lever au cocorico, petit déjeuner avec baguette, vestiges de l’époque française. Après avoir pris congé de nos hôtes, nous repartons pour la journée, marche, visite de pépinière où nous découvrons des arbres fruitiers, des litchis, goyaves, avocats, ananas et des caféiers, mais surtout des poivriers. Les grains sont verts, noirs et rouges, très parfumés et suivant le procédé de la récolte, il y aura 3 variétés : vert, blanc ou noir.
Le ciel menace et nous décidons de changer le trek car il va pleuvoir. Après une heure, nous arrivons près d’une cascade, fréquentée par les cambodgiens qui laissent beaucoup de vestiges de leur passage. L’écologie est une préoccupation de riches.
Nous entrons dans un parc national,  où il est interdit de couper du bois, de cultiver, de tuer les animaux et de construire des maisons. Mais lorsque nous arrivons au sommet de la colline, nous nous apercevons que toutes les montagnes sont déboisées. Personne ne fait appliquer la loi. Les animaux ont presque tous disparus, victimes du braconnage et de la raréfaction de leur habitat et les hommes construisent leur maison sans autorisation. La survie étant le principal souci des minorités des montagnes. La forêt primaire attire les touristes , mais il est très difficile de leur faire prendre conscience de cet enjeu économique.

Nous arrivons à Pak Dan, qui abrite 1 000 familles réparties en 7 villages.
Nous en faisons le tour avec Nai notre guide de la minorité Phnong. Les discussions avec les villageois ne sont pas très faciles puisqu’ils ne parlent que le dialecte local. Nai traduit en cambodgien et notre guide en français. Les villageois sont très accueillants, on aperçoit les intérieurs très rudimentaires.
Nous croisons le chef du village représentant le parti populaire, un épicier sans âge fier devant sa boutique et des femmes  séparant les grains de riz de la paille avec une dextérité impressionnante. Le guérisseur du village nous invite dans sa maison. Il a 77 ans et a passé six années dans l’armée française de 15 à 21 ans. Il a oublié le français. Il soigne avec les esprits et court la région pour aider les minorités. Il y a  beaucoup de fractures dues aux chûtes de mobylettes. Une association réunit les femmes et les incite à tisser des vêtements traditionnels.
Le roi est venu ici pendant sa campagne de protection des minorités, en leur apportant des cahiers, des livres, des vêtements et du riz. Le challenge est de taille !

Sur la route, un couple de boulanger-pâtissier ambulant, musique à fond, propose des croissants, des baguettes, des gâteaux roulés, à l’arrière d’une remorque. La piste devient glissante, un cultivateur met des chaînes à son tracteur. Nous lui expliquons que nous les utilisons aussi pour la neige. Il rit.

Demain, beaucoup de route pour rejoindre Phnom Penh, mais cela sera une autre histoire.

Lea Sen Heuy


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dimanche 4 mars 2012

Sem Monorom - Cambodge

Tchom reap sour,

Lever matinal pour rejoindre une île en face de Kratie, à l’aide d’une barque. Il n’est pas encore 8 heures, et nous voyageons avec des paysannes qui reviennent du marché, leur production déjà vendue. Elles se sont levées plutôt que nous ! Nous débarquons sur la plage et une noria de motos taxi vient chercher les passagers (minimum 3 personnes par moto) et roule sur d’étroites planches pour ne pas s’ensabler. L’exercice est périlleux et vu les chargements, chaque passage tient du miracle.


L’île est habitée par la communauté Cham, il n’y a pas de voiture sur l’île et il est agréable de la découvrir à vélo. Les villageois sont très accueillants, tous sourient sur notre passage et nous interpellent par des Hello. Ils rient quand nous prononçons bonjour dans leur langue. Les ados du village prennent un cours de danse traditionnelle, au son d’une sono grésillarde. Les mains virevoltent dans l’air, leurs doigts sont étonnamment recourbés à l’envers car ils assouplissent leurs articulations dès le plus jeune âge. Les hommes se regroupent pour changer le chaume d’une maison, ils sont six sur le toit, le travail sera vite fini.

L’île est presque toute cultivée, irriguée par des étangs, des réserves d’eaux naturelles et d’eau pompée dans le Mékong. Riz, oignons, melons, tomates, manioc, choux, haricots, etc... tout pousse et plusieurs récoltes ont lieu dans l’année. La terre est fertile et l’île souvent inondée à la saison des pluies par le fleuve, qui déverse ses alluvions. Le niveau monte de plus de 10 mètres, la largeur ici est de plus d’un kilomètre, cela doit vraiment être impressionnant. Un village d’une vingtaine de maisons flottantes est installé à la pointe de l’île. Les bambous qui les supportent doivent être changés tous les 4/5 ans. D’autres, moins chanceux vivent dans leur barque, sous un petit abris de fortune.

En chemin, des vieilles femmes nous invitent à entrer dans leur maison et nous offrent une sorte de melon vert, très bon. La maison sur pilotis, est en bois avec un plancher en bambou disjoint de façon à laisser passer l’air. Il n’y a qu’une pièce. On dort sur des hamacs ou sur des nattes repliées la journée. Un petit fourneau à bois sert à cuisiner. La femme qui habite ici a 65 ans et sa voisine 80, un véritable exploit quand on sait que l’espérance de vie est de 54 ans au Cambodge. Toute la journée, elles attendent le retour des enfants partis très tôt travailler à Kratie, elles ont la bouche rouge de bétel.

Nous rejoignons Sem Monorom, en quatre heures de route, dans la province de Mondolkiri, à 900 m. d’altitude. Les champs brulés et défrichés offrent un paysage de désolation. La forêt primaire qui faisait la fierté de cette région, est en train de disparaître complètement. Les hévéas, comme au Laos, sont plantés sur des dizaines de milliers d’hectares. Il est interdit à quiconque d’abattre un seul arbre., la forêt appartient à l’état mais  les entreprises étrangères ont toutes les autorisations pour arracher et défricher... 

Nous nous arrêtons chez une famille Phnong. La maison est plus que rudimentaire, construite sur la terre battue, en paille et bambou. Le grand père nous reçoit, rejoint par son fils et son petit-fils, les femmes sont aux champs. Nous voyons une arbalète et des flèches dans un carquois, la chasse, braconnage plutôt, complète les produits de la terre. Ils sont très pauvres, derrière eux trône une collection de jarres pour l’alcool de riz. Ces jarres sont traditionnelles et transmises de génération en génération. Elles peuvent accompagner le défunt dans le cimetière, ils sont animistes et ne sont pas incinérés.

Demain trek pendant deux jours, jusqu’à un village Phnong, et nuit chez l’habitant, donc pas d’internet bien sûr, mais comme vous le savez, cela sera une autre histoire .

Lea Sen Heuy

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samedi 3 mars 2012

Kratie - Cambodge

Tchom Reap Sour (bonjour en Cambodgien),

Avant de quitter le Laos, nous allons admirer les chutes spectaculaires de Khone Phapheng. Ce sont parait-il les plus grosses chutes de l’Asie du sud-est. 14 m de haut sur 1 km de large. Beaucoup de pêcheurs s’approchent de l’eau dangereuse, un ingénieux système de bambou piègent les poissons.

Puis, nous nous arrivons à la frontière. Aucun bureau seulement des baraques toutes ouvertes. Le douanier laotien nous demande un supplément pour jour férié, alors que nous ne sommes pas un jour férié. Mais il ne faut rien dire. Puis côté Cambodge, on nous questionne sur notre santé et on nous prend la température, tout cela pour un document jaune à garder dans le passeport, coût 2 $/personne. Puis on nous délivre un visa, pour 23 $/personne , puis une autre baraque ou on doit payer la personne qui met le tampon d’entrée 2 $/personne. On comprend tout de suite que le pays est corrompu !

Des deux côtés de la route, des entassements nous surprennent. Nous nous arrêtons, c’est du manioc. On récupère les racines de ces petits arbres, on les épluche, puis les coupe en petits morceaux pour les sécher au soleil pendant une semaine. Il sera expédié au Vietnam pour devenir de la farine de manioc. Les cambodgiens l’achèteront alors pour leur cuisine. Les camions sont tellement chargés, qu’au moindre trou, ils risquent de chavirer, ce qui se produit.

Nous arrivons à Kampi, où la saleté nous surprend, une nouvelle Inde. Rien n’est balayé, tout est jeté, dans la rue, dans les fossés, dans le fleuve, pauvre Mékong !

En barque nous essayons de nous approcher des dauphins de l’Irrawaddy. Ils sont bleus ou gris, un front proéminent, un petit aileron dorsal, mesurent aux maxi 2,75 m, peuvent vivre dans l’eau douce ou salée. Sur les milliers d’individus qui peuplaient le fleuve et ses affluents dans les années 70, on estime qu’il en reste aujourd’hui moins d’une centaine. Les Khmers rouges en ont tués des milliers pour récupérer leur graisse pour les moteurs des camions.


Depuis le fleuve, les maisons en planche ressemblent à des taudis, prêtes à tomber sur leurs frêles pilotis. On nous aperçoit et on nous fait des grands sourires.
De vieux bateaux servent à transporter du sable, qui sera séché sur la berge, puis transporté par camions.

Des centaines de bambous sont déversés sur le haut de la berge pour être acheminés par l’eau. Les hommes doivent les charger à main nue sur les bateaux. Les troncs forment un tas énorme qui nous fait penser à un mikado géant, où le danger est omniprésent.

Nous arrivons à Kratie, demain on part pour encore plus d’aventures mais cela sera une autre histoire.

Lea Sen Heuy (au-revoir comme vous l'aurez deviné)

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